C’est une affaire digne des plus gros dossiers de narcotrafic maritime : 524 kilos de cocaïne interceptés le 23 décembre dernier par la frégate française Bougainville, à la limite de la zone économique exclusive de Polynésie française. Le chalutier battant pavillon espagnol, repéré grâce à un renseignement australien, avait tenté de fuir avant d’être stoppé après trois tirs de sommation. À bord, les militaires ont découvert onze ballots soigneusement dissimulés, jetés en partie par-dessus bord par les marins pris en flagrant délit.

Les 14 membres d’équipage, treize Équatoriens et un Colombien, ont été transférés à Papeete après cinq jours de détention sur le navire militaire. Ils sont poursuivis pour trafic de stupéfiants par voie maritime et participation à une organisation criminelle internationale. Tous risquent dix ans de prison, près de 900 millions de francs CFP d’amende et l’interdiction définitive du territoire français.

Depuis ce mardi 9 septembre, treize marins comparaissent devant le tribunal correctionnel de Papeete, le quatorzième étant hospitalisé. Leurs déclarations, qualifiées de « peu crédibles » par la présidente du tribunal, évoquent une « pêche miraculeuse » de ballots récupérés en mer. Or, l’analyse des données GPS démontre une trajectoire entre l’Équateur et le Pérou, sans aucune activité de pêche.

Ce procès, prévu sur deux jours, mobilise interprètes et gendarmes. La décision devrait être rendue en fin de semaine. Pour la Polynésie française, cette saisie record illustre une nouvelle fois le rôle stratégique des forces armées dans la lutte contre le narcotrafic, qui tente d’utiliser l’immensité du Pacifique pour acheminer la drogue vers l’Asie et l’Australie. Elle rappelle aussi que la souveraineté française en mer n’est pas une simple abstraction : elle se défend chaque jour, jusque dans ces eaux lointaines du Pacifique.

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