La petite île de Rikitea, dans l’archipel des Gambier, vient de connaître une vaste opération de dépollution orchestrée par le pays et plusieurs entreprises spécialisées. Pas moins de 902 mètres cubes de déchets, comprenant 62 carcasses de voitures, 2.000 litres d’huiles de vidange, des rebuts électroniques et 150 big bags de déchets perlicoles, ont été rapatriés à bord du Tahiti Nui 8 pour traitement. Retardée par la grève de la flottille administrative, cette évacuation s’inscrit dans une stratégie de long terme pour préserver l’environnement fragile des îles polynésiennes.

À Tahiti, les équipes d’Enviropol, Fenua Ma, TSP et Technival procèdent actuellement au tri et au conditionnement des rebuts. Les déchets électroniques seront expédiés en Nouvelle-Zélande, tandis que les batteries rejoindront la Corée pour traitement du plomb et de l’acide. Peintures, vernis et emballages souillés suivront également une filière internationale de recyclage. Cette logistique illustre combien la Polynésie française dépend de coopérations extérieures pour gérer ses déchets dangereux, faute de structures locales adaptées.

Au-delà de l’opération technique, l’initiative a mobilisé la population. Les habitants de Rikitea ont collecté et apporté les déchets jusqu’au quai, répondant à l’appel du maire Vai Gooding. Celui-ci a salué un engagement citoyen exemplaire pour rendre à l’île son éclat et garantir un cadre de vie plus sain. Chaque année, entre 20 et 30 m³ sont collectés et évacués dans les archipels, mais l’ampleur de cette opération démontre la nécessité d’agir à plus grande échelle.

En toile de fond, c’est bien la question de la souveraineté environnementale française dans le Pacifique qui se pose. Ces déchets, abandonnés parfois depuis des décennies, rappellent que la République a un devoir de moyens pour préserver ses territoires ultramarins. Dans un contexte mondial où la pollution et le réchauffement climatique menacent les écosystèmes insulaires, cette mobilisation prouve qu’avec la solidarité des habitants et le soutien de l’État, il est possible de concilier modernité, écologie et dignité.

Privacy Preference Center