Mayotte détient le record national de la hausse de la taxe foncière, cet impôt local payé par les propriétaires immobiliers, sur la décennie 2014-2024, avec une explosion moyenne de +285 %. Dans la commune de Pamandzi, la hausse atteint +710 %, soit une multiplication par huit en dix ans.

Des hausses sans équivalent en France

Ces augmentations sont sans comparaison avec celles observées dans l’Hexagone, où la progression moyenne s’établit à +37 %, rarement plus de +100 % dans les régions les plus taxées, comme l’Île-de-France. À Paris, par exemple, la taxe foncière a bondi de +88 % depuis 2014, loin des records mahorais.

À Mayotte, la départementalisation et l’application du code général des impôts depuis 2014 ont bouleversé le paysage fiscal. Les communes ont dû relever leurs taux pour compenser des finances locales fragiles, dans un contexte de désordre cadastral persistant : près d’un quart du territoire n’est toujours pas titré, ce qui complique la perception de l’impôt.

Pamandzi, avec un taux de 34,26 % pour la taxe foncière sur le bâti, dépasse largement la moyenne départementale de 17,56 %. La Chambre régionale des comptes, dans un rapport publié en 2024, a même recommandé d’augmenter ce taux jusqu’à 50 % pour rétablir l’équilibre budgétaire de la commune.

Un répit temporaire pour les contribuables

Pour atténuer les difficultés économiques après le passage du cyclone Chido, le gouvernement a décidé d’exonérer les Mahorais de taxe foncière, de taxe d’habitation sur les résidences secondaires et de taxe d’enlèvement des ordures ménagères pour les années 2024 et 2025. Les foyers qui avaient déjà réglé ces impôts seront remboursés automatiquement.

Cette mesure de solidarité n’efface cependant pas dix ans de tensions fiscales. Entre l’inflation, la revalorisation annuelle des valeurs locatives et la fragilité des finances communales, la pression fiscale sur les propriétaires mahorais reste sans commune mesure avec celle du reste du pays.

Un enjeu structurel pour le 101e département

Devenue département français en 2011, Mayotte continue de rattraper son retard administratif et fiscal. Le gouvernement s’est engagé, dans le cadre de la loi pour la refondation de Mayotte promulguée en août 2025, à lancer une vaste politique de régularisation du cadastre et à créer un guichet unique du foncier.

Mais sur le terrain, les Mahorais constatent surtout une fiscalité lourde, souvent mal comprise, dans un territoire où la pauvreté touche plus de 77 % de la population et où la pression foncière s’ajoute à la crise du logement.

Privacy Preference Center