Longtemps jugée inapte à l’apiculture, Mayotte s’impose peu à peu comme une terre de miel. Grâce à une poignée de passionnés, l’île développe une production artisanale, respectueuse de la nature et de la biodiversité, devenue symbole d’un nouvel élan agricole.
Une filière jeune, mais pleine de promesses
L’apiculture mahoraise n’a réellement pris son essor qu’à partir de 2015, lorsque des pionniers comme Mouhamadi Ambdillah, fondateur de l’exploitation Le Secret du Miel à Sada, ont commencé à domestiquer les abeilles locales. Dans un territoire où la plupart des colonies étaient sauvages, il a fallu inventer des méthodes adaptées : ruches horizontales, pressage manuel du miel, sélection naturelle. Ces techniques permettent aujourd’hui d’obtenir un nectar plus pur et plus aromatique, comme les miels de baobab, de jujubier ou de mangrove, très prisés pour leur goût unique.
Le développement de la filière reste fragile. Le cyclone Chido, en décembre 2024, a détruit une grande partie des ruches, mais la résilience des apiculteurs et le soutien de la Chambre d’agriculture de Mayotte ont permis de relancer la production. Avec environ 20 apiculteurs professionnels et une centaine d’amateurs, la filière se structure peu à peu, notamment à travers l’association ADAM, qui forme et sensibilise les habitants à la préservation des colonies.
Au-delà du miel, cette activité est aussi un levier écologique. Chaque ruche participe à la pollinisation et à la préservation des écosystèmes, essentiels à l’agriculture mahoraise. Pour ses acteurs, le miel n’est plus seulement un produit : c’est un message de durabilité. À Mayotte, la douceur du miel rime désormais avec l’avenir.



