La bibliothèque située 17 rue Sorbier dans le vingtième arrondissement de Paris porte désormais officiellement le nom de Maryse Condé. Le changement de nom, effectif depuis septembre 2025, a été célébré ce samedi 22 novembre lors d’une inauguration en présence de la famille de l’écrivaine, de ses deux filles Aïcha et Leïla, de son mari Richard Philcox, ainsi que du maire d’arrondissement Eric Pliez.

Une trajectoire littéraire au service de la mémoire française

Autour des élus parisiens, dont Laurence Patrice et Patrick Bloche chargés des questions de mémoire et d’Outre mer, la cérémonie a salué une autrice qui a parlé sans détour de l’esclavage, des identités antillaises et des héritages postcoloniaux. La troupe Docking Cie a ponctué l’événement par des lectures d’extraits, rappelant la force d’une œuvre qui appartient pleinement au patrimoine littéraire français.

Née en Guadeloupe en 1937, Maryse Condé a étudié à Paris avant d’enseigner en Afrique, puis de revenir en France où elle a soutenu une thèse sur la représentation du Noir dans la littérature antillaise. Son parcours, nourri d’un enracinement caribéen et d’une exigence universitaire, l’a conduite à publier des romans puissants, dont Ségou en 1984, à travailler comme journaliste à la BBC et à enseigner aux Etats Unis.

Son engagement mémoriel s’est aussi inscrit dans les institutions de la République, notamment lorsqu’elle a présidé le Comité pour la mémoire de l’esclavage. Décédée le 2 avril 2024 à Gordes à 87 ans, elle avait reçu un hommage national le 15 avril 2024 à la Bibliothèque nationale de France en présence du président de la République, signe clair de la place centrale qu’occupe son œuvre dans l’histoire nationale.

Dans un quartier déjà marqué par des repères mémoriels comme le parvis Louis Delgrès, une rue Frantz Fanon et un square Toussaint Louverture, cette bibliothèque vivante, connue pour ses ateliers et clubs de lecture, ajoute un nom qui compte. Paris fait ainsi le choix de mettre en avant une figure incontournable de la littérature caribéenne, lauréate du prix Nobel alternatif de littérature en 2018, et de rappeler que les Outre mer enrichissent la France par leur talent, leur histoire et leur contribution au récit commun.

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