Recevoir une facture d’eau de 1 700 euros quand on est un couple de retraités consommant normalement relève moins de l’anecdote que du scandale. À Petit-Bourg, Serge et son épouse en ont fait les frais : plus de 500 000 litres d’eau leur sont imputés sur cinq mois, soit l’équivalent de plusieurs années de consommation. Une absurdité qui illustre une nouvelle fois les dysfonctionnements chroniques du service de l’eau en Guadeloupe.
Le SMGEAG assure que le compteur « ne présente aucune anomalie », alors même que l’usagère a filmé l’aiguille tourner… en pleine coupure d’eau. Ni fuite détectée par les équipes techniques, ni problème de plomberie : pourtant, l’établissement a tout de même adressé une mise en demeure à ce couple de retraités, sommés de payer une somme que rien ne justifie. Ce renversement de responsabilité où l’abonné devient le suspect plutôt que la victime d’un système défaillant alimente un sentiment d’injustice légitime.
Cette affaire, loin d’être isolée, rappelle combien la Guadeloupe souffre d’un réseau d’eau vétuste, de compteurs parfois défectueux et d’une gestion qui peine encore à retrouver la confiance des usagers. Or l’accès à une facturation juste et transparente n’est pas un luxe : c’est un droit fondamental, au cœur même du pacte républicain. Les Guadeloupéens, qui paient parmi les tarifs les plus élevés de France pour un service souvent intermittent, ne peuvent plus être les variables d’ajustement d’un système à bout de souffle.
La modernisation du réseau, la fiabilité des compteurs et un traitement équitable des litiges doivent redevenir des priorités absolues. Car dans une région où tant de discours victimaires servent parfois de prétexte à l’inaction, voilà un exemple concret où l’exigence de rigueur, de transparence et d’équité doit primer. L’État et les collectivités ont la responsabilité de garantir un service public digne de ce nom. Les Guadeloupéens, eux, ont déjà assez attendu.



