Quinze ans après le drame du Rallye Karukera 2010, la cour d’appel de Basse Terre vient de rendre un arrêt qui marque un tournant judiciaire. La chambre de l’instruction estime qu’aucune charge pénale ne peut être retenue contre le pilote Frédéric Pardo, considérant que les infractions alléguées ne sont pas caractérisées. Pour le principal intéressé, c’est la fin d’un soupçon lourd et durable, dans une affaire devenue hors norme par sa longueur.

Une décision pénale qui ne clôt pas le dossier

Le 23 octobre 2010, au Gosier, la Toyota Célica pilotée par Frédéric Pardo sort de route lors d’une spéciale et percute une habitation. Si le pilote s’en tire avec des blessures légères, son copilote Bruno Vaïtilingon subit un traumatisme majeur qui le laisse tétraplégique à vie. Au fil des années, la procédure pénale a porté non sur la conduite en course, mais sur les conditions d’acquisition et de mise en circulation du véhicule, avec soupçons de faux documents, fausses plaques et assurances irrégulières. Déjà conclu par un non lieu en 2023, le dossier avait été relancé après cassation, avant d’être une nouvelle fois refermé faute d’éléments suffisants.

Sur le plan civil, en revanche, la justice a maintenu une lecture radicalement différente. Frédéric Pardo a été reconnu seul responsable de l’accident par le tribunal judiciaire de Fort de France en 2020, jugement confirmé en 2024. L’assureur de l’ASAG, organisatrice du rallye, doit garantir l’indemnisation dans la limite de 6,1 millions d’euros, alors que le montant total pourrait frôler les dix millions. Le pilote a récemment été débouté de son action visant à faire porter une part plus large de cette charge à l’association sportive.

L’arrêt pénal du 27 novembre ne signe donc pas l’épilogue. L’avocat de Bruno Vaïtilingon conteste violemment la décision et annonce de nouvelles démarches, notamment contre l’Etat. Ce dossier rappelle, tragiquement, que la justice peut clore un volet sans réparer le drame humain, ni dissiper les fractures laissées dans le sport comme dans les familles guadeloupéennes.

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