Depuis la suspension de son certificat de transporteur aérien lundi à minuit, Air Antilles doit non seulement corriger des « défaillances très significatives » pointées par la DGAC, mais aussi gérer un problème immédiat : plusieurs milliers de voyageurs des îles françaises des Antilles se retrouvent sans solution de transport, en pleine haute saison et à l’approche des fêtes.
5 500 billets émis… et désormais impossibles à honorer
Selon plusieurs sources concordantes, environ 5 500 clients disposent d’un billet valable jusqu’au 7 janvier, mais ne pourront pas embarquer tant que la compagnie est interdite de vol. La réglementation est pourtant claire : Air Antilles doit soit rembourser, soit « reprotéger » ses passagers sur d’autres compagnies. Dans les faits, l’exercice tourne au casse-tête. Les liaisons inter-îles — vitales pour la continuité territoriale entre Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy — sont saturées à l’approche des congés. Air Caraïbes accepte de jouer le jeu sous supervision de la DGAC, mais les disponibilités sont limitées. La compagnie annonce néanmoins un vol supplémentaire à compter du 16 décembre pour la ligne Pointe-à-Pitre – Grand Case. Pour les autres dessertes, seuls quelques transporteurs comme Saint Barth Commuter ou Saint Barth Executive peuvent absorber une fraction de la demande, sans pratiquer de Rescue Fare. Air Caraïbes, elle, propose un tarif de secours à 130 euros ou 160 euros selon les routes, réservé au retour vers le domicile. Les voyageurs n’ont donc qu’un choix difficile : attendre la remise en vol de la compagnie ou racheter un billet à leurs frais.
Une compagnie fragile, un territoire exposé
Cette suspension tombe au plus mauvais moment pour Air Antilles, déjà éprouvée par la liquidation du groupe CAIRE en 2023 et relancée grâce au soutien financier de la Collectivité de Saint-Martin. La DGAC a estimé que la compagnie n’était plus en mesure d’assurer la sécurité de ses passagers, entraînant l’arrêt immédiat de toutes les opérations et de la vente de billets. Air Antilles dispose désormais d’un mois pour apporter des correctifs, au risque de perdre définitivement son certificat et de disparaître du paysage aérien régional. Pour les territoires antillais, l’enjeu dépasse largement la seule survie d’un transporteur : c’est toute la continuité territoriale qui vacille, dans une région où l’avion demeure un service essentiel du quotidien. Sans reprise rapide et durable des vols, le vide laissé par Air Antilles ferait peser une pression accrue sur la concurrence, renchérirait les déplacements et affaiblirait une mobilité déjà fragile. Les prochaines semaines seront donc décisives, à la fois pour les 121 000 passagers transportés cette année et pour l’équilibre aérien des îles françaises des Antilles.



