Coup de tonnerre dans le ciel antillais : depuis lundi soir, Air Antilles n’a plus le droit de voler. La Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a suspendu son certificat de transport aérien, après un audit accablant révélant des non-conformités graves dans l’organisation et la sécurité des vols. Un choc en pleine haute saison touristique, et un aveu d’échec pour une compagnie relancée il y a seulement un an et demi grâce à l’argent public.

En Guadeloupe comme à Saint-Martin, les passagers découvrent des vols bloqués jusqu’au 16 décembre… sans aucune explication officielle sur le site de la compagnie. Cette opacité s’ajoute aux doutes persistants sur la viabilité d’Air Antilles : taux de remplissage trop faibles, finances exsangues malgré les millions injectés par la Collectivité, et désormais un immobilisme total des avions. L’avenir de la compagnie semble suspendu à un fil et aux décisions de l’État.

Mais un autre front s’ouvre, plus politique encore. À Saint-Martin, l’opposition dénonce une « entreprise fantôme », citant des statuts contradictoires entre ceux votés en conseil territorial et ceux déposés au tribunal de commerce. Modifications non explicitées, valeurs d’actions modifiées, offres de reprise en deux versions… Les accusations pointent un manque de transparence dans un dossier où chaque euro est public. Le président de la Collectivité, Louis Mussington, d’abord embarrassé, a promis une enquête interne avant de se rétracter et d’assurer que tout est conforme un changement de ton qui n’aide en rien à apaiser les soupçons.

Au-delà des querelles locales, c’est la crédibilité de la gestion publique qui vacille. Quand une collectivité investit massivement dans une compagnie dont l’existence juridique elle-même est contestée, quand les audits de sécurité révèlent des postes clés vacants, et quand les salariés s’inquiètent de leur avenir à quelques semaines des fêtes, il est clair que la gouvernance a failli.

Air Antilles n’a désormais qu’une seule issue : obtenir une nouvelle autorisation de vol et un apport de capital avant fin janvier. Sans cela, la compagnie rejoindra la longue liste des projets mal préparés, mal gérés et coûteux pour le contribuable ultramarin. Dans un territoire où la mobilité aérienne est un service vital, la légèreté n’a plus sa place. Les Antilles méritent une compagnie fiable, sûre et gérée avec rigueur — pas une succession de turbulences administratives et politiques.

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