Air Antilles obtient un sursis. Par arrêté du 30 septembre 2025, l’État a renouvelé pour quatre mois la licence d’exploitation de la compagnie, effective au 1er octobre et valable jusqu’en janvier 2026. Signal positif, mais provisoire : l’avenir de l’entreprise reste suspendu à la mise en œuvre effective de son plan de restructuration. Depuis janvier, plus de 100 000 passagers ont voyagé avec la compagnie, dont près de 30 000 pour le seul mois d’août.
Ce répit intervient alors que l’outil aérien régional demeure vital pour la continuité territoriale et l’activité économique entre îles voisines. La priorité est claire : fiabiliser l’exploitation, restaurer la confiance des clients et assainir la trésorerie sans retomber dans l’assistanat permanent.
Un soutien financier qui fracture la majorité
À Saint-Martin, principal actionnaire, la crise a ravivé les tensions politiques. Vendredi, le Conseil territorial a été ajourné faute de quorum, sur fond de désaccords autour d’un nouveau prêt de 2 millions d’euros à Air Antilles. L’opposition rappelle que près de 20 millions ont déjà été injectés depuis 2023 et juge le dossier trop risqué. « On ne peut pas éternellement réinjecter des capitaux frais dans une entreprise sans visibilité », avertit l’élu Philippe Philidor, quand Daniel Gibbs estime que « ce n’est pas la voie à suivre pour une collectivité ». Le président Louis Mussington défend, lui, la nécessité de préserver la connectivité et souhaite stationner un ATR 72 à Grand-Case pour desservir Guadeloupe, Martinique, Saint-Barthélemy et d’autres destinations.
Un nouveau Conseil territorial est attendu ce lundi. Il devra trancher : soit appuyer une restructuration exigeante et mesurable, soit renoncer à de nouveaux concours. Dans tous les cas, la ligne de crête est étroite : protéger un maillon stratégique du transport régional, sans dilapider l’argent public. À moyen terme, l’hypothèse d’une implication coordonnée des collectivités de Guadeloupe, Martinique et Saint-Barthélemy, évoquée par plusieurs responsables, mérite d’être étudiée pour consolider un modèle pérenne et strictement encadré par l’État.



