À Saint-Martin, la situation d’Air Antilles continue d’inquiéter. Malgré près de 25 millions d’euros versés en moins de deux ans par la Collectivité et ses partenaires, la compagnie régionale peine toujours à retrouver un équilibre financier durable. Lundi 13 octobre, les élus du conseil territorial ont examiné les comptes alarmants d’une société d’économie mixte en zone de turbulences prolongée.

Créée pour relancer la desserte aérienne entre les îles après la faillite de l’ancienne structure, la SEM Air Antilles a hérité non seulement de la flotte, mais aussi des dettes bancaires qui l’accompagnent. Trois appareils sont encore remboursés via des prêts auprès de la Caisse d’Épargne et du Crédit Agricole, tandis qu’un quatrième est sous crédit-bail. Les établissements financiers ont accepté un standstill, c’est-à-dire le report du paiement des échéances, mais cette mesure temporaire ne résout rien.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 25,35 millions d’euros de dettes sont aujourd’hui gelées, auxquels s’ajoutent près de 9 millions d’euros de dettes d’exploitation. Et la trésorerie, à peine 130 000 euros début octobre, ne permet pas d’assurer le fonctionnement à court terme. Selon la direction financière, il faudrait 1,5 million d’euros par mois pour maintenir les opérations.

Face à cette impasse, la Collectivité de Saint-Martin et le groupe Cipim ont consenti à un nouveau prêt de 3 millions d’euros. Mais les élus eux-mêmes s’interrogent sur la viabilité d’un modèle structurellement déficitaire, entretenu à coups de subventions publiques. La DGAC a prolongé la licence temporaire de la compagnie pour quatre mois, tout en suspendant le recouvrement des taxes dues, signe de la fragilité du dossier.

Cette dépendance chronique à l’argent public illustre les dérives d’un système local où la logique économique s’efface derrière les considérations politiques. Si la continuité territoriale est essentielle, elle ne saurait justifier à elle seule la fuite en avant financière d’une compagnie qui, malgré ses ambitions régionales, semble toujours voler à vue.

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