Le gouvernement de Nouvelle Calédonie a confirmé ce 26 novembre le transfert d’Air Calédonie de l’aérodrome de Magenta vers l’aéroport international de La Tontouta, avec une bascule totale annoncée au 2 mars 2026. A partir de cette date, les avions de type ATR devront décoller et atterrir à La Tontouta. L’exécutif présente ce déménagement comme une décision de survie financière pour une compagnie au bord de la faillite, et comme une condition indispensable pour maintenir la continuité aérienne entre Nouméa et les îles.
Des économies massives, mais une colère qui monte chez les usagers
Selon le président du gouvernement Alcide Ponga, l’abandon de Magenta permettrait d’économiser environ 500 millions de francs par an pour Air Calédonie, et autant pour les finances publiques. Surtout, le maintien du site nouméen obligerait la collectivité à engager entre 1 et 2 milliards de francs de réparations et d’investissements sur l’aérodrome. L’exécutif rappelle aussi que la compagnie a déjà lancé un plan de restructuration lourd, avec des licenciements et une réduction des coûts estimée à 1,2 milliard de francs en 2025, après des aides publiques atteignant 1,3 milliard en 2024 puis 500 millions cette année.
Mais ce choix budgétaire déclenche une contestation persistante, notamment dans les îles. Beaucoup d’usagers dénoncent un éloignement brutal des vols domestiques, alors que La Tontouta est située à Païta, loin de l’agglomération. Pour le gouvernement, l’alternative est claire. Sans ce transfert, la compagnie disparaît, et avec elle une partie de la connectivité intérieure, difficilement remplaçable par un autre opérateur compte tenu du contexte économique local.
La question la plus sensible reste celle de l’accès à l’aéroport pour les habitants de Nouméa et des communes voisines, mais aussi pour les voyageurs venant des îles. L’exécutif affirme travailler à un dispositif de transport dédié entre Nouméa et La Tontouta, sans être encore en mesure d’en préciser la forme ni les tarifs. Le gouvernement se donne trois mois pour arrêter ces modalités, avec l’objectif affiché d’éviter que ce déménagement ne transforme un vol intérieur en parcours d’obstacles.
Derrière ce dossier explosif, c’est une réalité plus large qui se rappelle aux autorités comme aux Calédoniens. La fragilité des liaisons aériennes dans les Outre mer ne tolère ni improvisation ni blocage politique. Sur un territoire éclaté, où l’avion assure la cohésion économique et sociale, chaque décision de transport devient un choix d’aménagement du pays, et désormais un test de responsabilité collective.



