Air France a confirmé qu’elle aura équipé 100 % de sa flotte d’une connexion Wi-Fi très haut débit via Starlink d’ici fin 2026. À ce stade, près de 30 % des avions de la compagnie nationale bénéficient déjà de cette technologie satellitaire développée par SpaceX. Présentée comme une avancée majeure pour le confort des passagers, cette décision relance néanmoins une polémique politique et stratégique autour de la souveraineté numérique française et européenne.
Une solution performante, mais politiquement sensible
Ce déploiement, annoncé dès 2024 à l’issue d’un appel d’offres, doit permettre à Air France d’offrir une connexion gratuite, rapide et stable dans toutes les cabines, sur l’ensemble de son réseau, y compris les longues distances reliant l’Hexagone aux Outre-mer. La compagnie met en avant une rupture technologique par rapport aux solutions précédentes, jugées trop lentes, coûteuses ou hétérogènes selon les appareils.
Le choix de Starlink, dont la constellation compte plusieurs milliers de satellites en orbite basse, suscite toutefois de vives critiques. Plusieurs responsables politiques et experts dénoncent la dépendance d’une entreprise stratégique française à une société américaine soumise au droit des États-Unis, notamment au Cloud Act, qui peut permettre un accès aux données. La controverse est d’autant plus vive que l’opérateur européen Eutelsat, partenaire historique de certaines solutions aéronautiques, développe de son côté une offre concurrente, encore jugée moins mature et moins compétitive à court terme.
Cette question n’est pas théorique pour les territoires ultramarins. Fin 2024, l’État français avait déjà eu recours à Starlink pour rétablir en urgence les communications à Mayotte après le passage du cyclone Chido, illustrant la dépendance immédiate de la France à cette technologie faute d’alternative européenne pleinement opérationnelle. Un précédent qui nourrit aujourd’hui le débat sur l’indépendance numérique nationale.
Air France assume son choix en invoquant la compétitivité commerciale et l’exigence de qualité attendue par les passagers. En toile de fond, la montée en puissance attendue de futures constellations européennes, comme IRIS², pourrait rebattre les cartes à moyen terme. D’ici là, la compagnie tricolore fait le pari de l’efficacité technologique, au prix d’un débat politique qui dépasse largement le simple Wi-Fi en vol.



