Des structures saturées, un manque de données et un système de santé ébranlé par les violences politiques : la Nouvelle-Calédonie peine à répondre aux besoins croissants des patients atteints d’Alzheimer.

La Journée mondiale d’Alzheimer, célébrée le 21 septembre, rappelle chaque année l’urgence d’une meilleure prise en charge de cette maladie neurodégénérative. Mais en Nouvelle-Calédonie, le constat est préoccupant. Les professionnels de santé sonnent l’alarme : entre l’absence de statistiques fiables, la pénurie de spécialistes et la crise profonde du système hospitalier, les familles se retrouvent en première ligne face à une pathologie qui bouleverse autant les malades que leur entourage.

Des moyens limités, un système sous pression

« On constate une augmentation des patients atteints de troubles cognitifs, mais on ne dispose plus de données récentes pour mesurer l’ampleur du phénomène », explique Valérie Albert-Dunais, gériatre à Nouméa. Le dernier état des lieux sérieux date de 2017. Depuis, l’archipel navigue à vue. Or, sans chiffres précis, difficile de dimensionner les structures d’accueil et de soins.

Le problème est aggravé par la désorganisation du système de santé. Déjà en difficulté, l’hôpital et les Ehpad ont été mis à genoux par les violences de mai 2024. Barrages, pillages, routes bloquées : les soignants ont parfois dû dormir sur place, les médicaments et la nourriture ont manqué, certains patients chroniques ont disparu des radars. Dans ce contexte, comment imaginer un accompagnement digne et constant pour les personnes atteintes d’Alzheimer ?

Le territoire souffre aussi d’un manque criant de professionnels : trop peu de neurologues, de gériatres, d’infirmiers libéraux, surtout dans le Nord et les Îles. Résultat : les familles sont livrées à elles-mêmes. « La maladie touche toute la sphère familiale et exige patience, temps et soutien, mais les aidants s’épuisent », déplore la praticienne.

Pourtant, des avancées existent ailleurs. Les nouvelles immunothérapies validées aux États-Unis et par l’Europe offrent un espoir réel. Mais elles ne sont pas encore disponibles en France, et donc encore moins en Calédonie. Là aussi, les patients devront attendre.

La mobilisation de l’association France Alzheimer et des soignants locaux rappelle qu’il est urgent que les pouvoirs publics investissent dans la prévention, le dépistage et les structures de proximité. Faute de quoi, une double peine menace les malades calédoniens : affronter Alzheimer dans un territoire où l’hôpital lui-même est devenu vulnérable.

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