À l’école Ahutoru d’Arue, les enfants n’ont plus accès à la cantine le vendredi. Une décision douloureuse, conséquence directe de près de 3 millions de francs pacifiques d’impayés accumulés par une cinquantaine de parents. Unique à Tahiti, la cantine est gérée non pas par la commune mais par l’association des parents d’élèves, qui n’a plus les moyens de régler ses fournisseurs ni les salaires des cuisinières.
Pour tenter de combler le déficit, l’APE multiplie les initiatives : ventes de goûters à la récréation, plats à emporter le week-end, suspension des inscriptions pour les familles en retard de paiement. Mais malgré ces efforts, il reste encore 1,8 million de francs à trouver. Une situation d’autant plus incompréhensible que les tarifs sont parmi les plus bas du territoire : 450 francs par repas pour les élémentaires et 350 pour les maternelles.
La maire d’Arue, Teura Iriti, rappelle que la commune prend déjà en charge les locaux, l’eau et l’électricité, mais elle appelle les parents à assumer leurs responsabilités. « Les enfants doivent avoir un repas par jour, mais il faut que les familles jouent le jeu », insiste-t-elle, en attendant l’assemblée générale des parents prévue lundi.
Un bol d’air pourrait toutefois venir du Pays, qui vient de voter une aide de 200 francs par repas. Une mesure saluée par les familles, mais qui ne suffira pas à compenser les comportements défaillants de certains. Car au-delà des chiffres, c’est le principe même de solidarité parentale qui est en cause. Sans discipline collective, ce sont toujours les plus vulnérables qui trinquent, en l’occurrence les enfants privés de repas au cœur de la journée scolaire.