Selon le dernier rapport de l’Agence française anticorruption (AFA), la Guadeloupe figure parmi les départements les plus touchés de France par les atteintes à la probité. Entre 2016 et 2024, le territoire enregistre plus de 4,1 infractions pour 100 000 habitants, soit 217 condamnations par million d’habitants, un niveau bien supérieur à la moyenne nationale.
Un phénomène qui touche les territoires insulaires
Dans ce classement national, les départements ultramarins et insulaires se distinguent : la Corse, la Polynésie, la Guadeloupe et la Martinique figurent parmi les zones où les condamnations sont les plus nombreuses. Pour Mariannig Imbert, magistrate déléguée par l’AFA pour la formation des juges et enquêteurs aux Antilles-Guyane, « ces chiffres traduisent une réalité structurelle, liée autant à l’éloignement du pouvoir central qu’à la nécessité de renforcer les outils de prévention et de contrôle ».
La magistrate anime actuellement une série de formations en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane pour mieux repérer et instruire les affaires de corruption, de détournement de fonds publics, de favoritisme ou de prise illégale d’intérêts. Ces sessions seront élargies aux élus locaux après les municipales de 2026, afin de diffuser une culture de transparence et d’intégrité dans la gestion publique.
Des facteurs aggravants bien identifiés
L’AFA souligne plusieurs causes récurrentes : le manque de formation et d’outils de prévention, un clientélisme ancrélié à la proximité entre élus et électeurs, ainsi qu’un contrôle administratif et citoyen encore insuffisant. Ces fragilités favorisent les dérives au sein des collectivités locales, déjà sous tension financière.
Une étude précédente de l’agence, publiée en 2024, plaçait déjà la Guadeloupe au 7e rang des territoires français les plus concernés par la corruption et les détournements de fonds, devant la Guyane, La Réunion et la Martinique. Le secteur public concentre la majorité des infractions, notamment au niveau des collectivités territoriales, des marchés publics et des services régalien.
Une vigilance accrue de l’État
Face à la hausse des signalements, le nombre d’infractions pour atteinte à la probité a presque doublé en 2024, selon le dernier rapport d’activité de l’AFA. Le gouvernement entend désormais renforcer la présence de ses services en Outre-mer et accompagner les institutions locales dans la mise en œuvre des bonnes pratiques anticorruption.
Pour la Guadeloupe, ces efforts s’inscrivent dans une démarche de prévention plutôt que de sanction, afin de consolider l’État de droit et la confiance citoyenne dans les institutions publiques.



