Au lycée des Lumières, à Kawéni, des enseignants ont suivi ce mercredi 3 décembre une formation dédiée à l’intelligence artificielle, un outil déjà omniprésent dans la vie scolaire. Objectif affiché : comprendre les usages des élèves et apprendre à s’en servir sans en devenir dépendant. Pour Mickaël Carpin, chargé d’animer la session, l’enjeu est clair : utiliser l’IA pour alléger certaines tâches administratives et mieux se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire la pédagogie, sans subir la technologie.

Former les enseignants pour éviter les dérives

Les participants ont notamment testé l’IA pour construire des séquences pédagogiques. Afzal Mohamed, professeur d’éco-gestion au lycée de Sada, insiste : l’outil peut aider, mais l’enseignant reste le décideur final. Cette montée en compétence apparaît d’autant plus urgente que, selon le formateur, environ 90% des élèves utilisent déjà l’IA, qu’elle soit employée intelligemment ou comme simple raccourci, tandis que beaucoup de professeurs souhaitent s’y mettre sans avoir été formés.

Chez les enseignants, l’inquiétude porte sur la perte de réflexion des élèves. Madiou Madi, professeure au lycée d’Acoua, dit le constater dans les copies : certains jeunes recopient des réponses générées sans même les relire. D’autres enseignants parlent d’un risque de « spoliation cognitive », la machine finissant par raisonner à la place de l’élève. Le constat est partagé : des adolescents rivés 24h/24h à leurs téléphones peuvent déjà manier mieux l’IA que leurs professeurs.

Cette formation s’inscrit dans une tendance nationale où l’Éducation nationale voit l’IA s’imposer à grande vitesse. Entre craintes sur l’esprit critique et volonté de ne pas rater le tournant, les professeurs de Mayotte veulent désormais s’adapter, pour encadrer l’usage de ces outils et éviter que la réussite scolaire ne se transforme en automatisme déconnecté de tout apprentissage réel.

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