Une étude inédite du groupement Épi-Phare, qui réunit l’Agence nationale de sécurité du médicament et l’Assurance-maladie, compare pour la première fois en conditions réelles deux stratégies de prévention contre la bronchiolite liée au VRS. D’un côté, la vaccination des femmes enceintes par Abrysvo en fin de grossesse. De l’autre, l’injection aux nourrissons d’un anticorps monoclonal de synthèse, Beyfortus.

Des territoires où la pression virale et la vulnérabilité sanitaire pèsent plus lourd

Publiés le 22 décembre 2025 dans la revue médicale américaine JAMA, les résultats s’appuient sur plus de 42 000 nourrissons nés entre septembre et décembre 2024, lors de la première saison de déploiement conjoint des deux dispositifs en France. Les chercheurs soulignent que les deux approches restent « très efficaces », avec une efficacité comprise entre 65 et 85 % et une baisse nette des hospitalisations.

Mais l’étude tranche : Beyfortus fait mieux, surtout sur les formes graves. En cas d’infection, l’anticorps administré au nouveau-né réduit de 26 % supplémentaires le risque d’hospitalisation par rapport à Abrysvo. Il diminue aussi davantage les prises en charge lourdes : 42 % d’admissions en réanimation ou soins intensifs pédiatriques en moins, 44 % de recours à l’oxygénothérapie en moins et 43 % d’intubations en moins, toujours comparé au vaccin maternel.

Pour les Outre-mer, ces chiffres comptent. D’abord parce que la bronchiolite y survient souvent sur des calendriers différents, avec des pics parfois précoces ou prolongés en zone tropicale, et des situations de promiscuité qui accélèrent les transmissions. Ensuite parce que les capacités hospitalières, notamment en pédiatrie et en réanimation, y sont structurellement plus contraintes : chaque hospitalisation évitée a un impact direct sur la saturation des services.

À Mayotte, la pression sur le système de soins est d’autant plus sensible que l’île cumule plusieurs alertes sanitaires en cette fin 2025. Les autorités y rappellent régulièrement les gestes barrières, déjà remis en avant ces dernières semaines face aux infections respiratoires, alors que les consultations augmentent et que les pharmacies constatent des épisodes de fièvres élevées et de convalescences longues. Dans ce contexte, tout outil de prévention qui réduit les formes sévères devient un levier concret de protection des familles et de préservation des urgences.

Selon les données arrêtées au 24 février 2025 par Santé publique France, Beyfortus avait été administré environ 392 000 fois durant la campagne de prévention 2024-2025, contre 91 000 vaccinations Abrysvo chez les femmes enceintes. Les pédiatres libéraux, de leur côté, appellent à renforcer les gestes barrières, le pic de l’épidémie de bronchiolite étant attendu « vers la fin de la semaine ».

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