À peine dévoilé, le budget 2026 de l’État pour les Outre-mer déclenche une levée de boucliers sans précédent. Tous les députés ultramarins, de droite comme de gauche, dénoncent un projet jugé « disproportionné » et dangereux pour la survie économique de leurs territoires. Le gouvernement Lecornu prévoit en effet de réduire les crédits alloués aux Outre-mer à 2,8 milliards d’euros, soit une baisse de 160 millions par rapport à 2025, et d’imposer près de 750 millions d’euros d’économies sur les aides aux entreprises locales.

Un front commun inédit contre les coupes du gouvernement

Face à cette cure d’austérité, la réaction a été immédiate. En commission, les parlementaires ont supprimé les coupes prévues dans la Lodeom et les dispositifs de défiscalisation, qualifiant ces mesures de « coup de massue » pour les PME ultramarines. La Fédération des entreprises d’Outre-mer (Fedom) a dénoncé une « mise à mort » de pans entiers de l’économie, du tourisme à l’agriculture en passant par le BTP. Tous s’accordent à dire qu’un tel effort, appliqué uniformément à des économies déjà fragiles, provoquerait une crise sociale d’ampleur.

Le député guadeloupéen Christian Baptiste, rapporteur de la mission Outre-mer, appelle à une réforme « intelligente » des aides, et non à un rabot aveugle. Plusieurs amendements ont été adoptés pour préserver les entreprises touchées par la crise de l’eau à Mayotte ou pour inclure les Ehpad ultramarins dans les dispositifs de crédit d’impôt au logement social. Si ces amendements doivent encore être confirmés en séance, ils marquent un net désaveu pour le gouvernement.

Autre inquiétude majeure : la reconstruction de Mayotte et de la Nouvelle-Calédonie, deux territoires encore meurtris. Quatre milliards d’euros sont promis d’ici 2031, mais les élus redoutent que les coupes budgétaires compromettent ces efforts. Le Premier ministre a reconnu que l’effort demandé « peut paraître disproportionné » et promis de reprendre le dialogue avec les élus ultramarins et la nouvelle ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou.

En parallèle, le gouvernement mise sur un nouveau projet de loi contre la vie chère, censé renforcer la transparence et encadrer les prix. Mais là encore, la méthode interroge. En multipliant les régulations et les dispositifs administratifs, Paris semble persister dans une logique de contrôle plutôt que de confiance envers les entreprises locales. Pour nombre d’observateurs, seule une vraie politique de relance, fondée sur la liberté d’entreprendre, la défiscalisation et la production locale, permettra de redonner souffle aux Outre-mer.

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