Trois ans après l’annonce d’un centre éducatif fermé (CEF) à Mayotte, le gouvernement change de cap. Ce mercredi, Gérald Darmanin a confirmé la disparition de ces structures, remplacées par de nouvelles « unités judiciaires à priorité éducative ». Une décision nationale qui laisse le 101e département, confronté à une violence juvénile sans équivalent en France, sans réponse concrète à court terme.

Un changement de doctrine alors que Mayotte réclame l’urgence

Le CEF de Mayotte avait été promis en 2022 par Éric Dupond-Moretti. Depuis, le terrain n’a pas bougé d’un centimètre, alors même que les élus locaux réclament un outil de prise en charge renforcée des mineurs délinquants. Pourtant, le ministre de la Justice a tranché : le modèle des CEF est jugé inefficace, trop coûteux et incapable de contenir les fugues ou de garantir une scolarité digne de ce nom.

Darmanin mise désormais sur des structures réorientées vers la scolarité, la santé mentale et la lutte contre les addictions. Une évolution saluée par une partie des professionnels de la Protection judiciaire de la jeunesse, qui dénonçaient depuis longtemps les dérives d’un dispositif jugé « ni fermé ni réellement éducatif ». Mais à Mayotte, où l’on attendait surtout un cadre plus strict, le flou demeure total quant à la forme que prendra cette nouvelle unité.

Le Département a rappelé son impatience le 25 novembre, adoptant une motion demandant à l’État d’accélérer. Le conseiller départemental Soula Saïd Souffou a une nouvelle fois alerté sur « l’extrême violence des jeunes » et la nécessité d’une réponse ferme et adaptée au territoire. Les Mahorais peinent à comprendre pourquoi, alors que l’insécurité explose, le projet annoncé n’a jamais démarré. Selon les documents annexés à la loi pour la refondation de Mayotte, les travaux étaient censés débuter en 2025. Mais les 14 millions d’euros prévus pour ce chantier ne figurent réellement au budget qu’entre 2028 et 2031. Une incohérence qui nourrit l’amertume locale : comment prétendre restaurer l’autorité de l’État sans offrir aux juges et aux éducateurs les outils pour agir ?

L’exécutif assure que les futures unités judiciaires remplaceront les CEF partout en France, y compris dans les territoires où ils étaient en projet. Mais aucune date, aucun schéma précis, aucune garantie n’a été fournie pour Mayotte. Pendant ce temps, les faits divers s’enchaînent, les bandes de mineurs continuent d’imposer leur loi et les familles mahoraises attendent, une fois de plus, que les promesses se traduisent enfin en actes.

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