La Réunion aborde l’été austral avec une population largement protégée contre le chikungunya. Selon l’étude de séroprévalence menée par Santé publique France, 66 pour cent des Réunionnais possèdent aujourd’hui des anticorps contre le virus, conséquence directe des deux grandes vagues épidémiques de 2005 et de 2025. Une bonne nouvelle, mais qui ne doit en aucun cas conduire à relâcher la prévention.
Une immunité élevée, mais inégale sur l’île
Dans l’Ouest, le niveau d’immunité atteint 74 pour cent, un chiffre record. Le Sud suit avec 68,5 pour cent, tandis que le Nord et l’Est restent en dessous des 60 pour cent. Ces écarts reflètent la circulation plus intense du virus dans certaines zones lors de la dernière épidémie, qui avait généré près de 200 000 consultations et plus de 54 000 cas confirmés en laboratoire. L’étude confirme également que la vague de 2025 a davantage contribué à l’immunité collective que celle de 2005, signe que le virus a de nouveau frappé massivement cette année.
Pour les autorités sanitaires, cette immunité globale limite le risque d’une épidémie de grande ampleur dans les prochains mois. Toutefois, elle n’est pas totale et ne protège pas uniformément le territoire. Des foyers localisés restent possibles dès que les conditions climatiques favorisent la prolifération du moustique Aedes, particulièrement actif durant l’été austral. L’ARS a d’ailleurs lancé une nouvelle campagne de sensibilisation, rappelant qu’aucune stratégie ne peut être efficace sans l’engagement quotidien des habitants.
La Réunion a déjà payé un lourd tribut aux maladies vectorielles. Si la dengue ne circule plus depuis mars 2025, le chikungunya demeure endémique dans la région, avec un risque constant de résurgence. L’île entre donc dans une phase de gestion prudente, où l’immunité collective constitue un rempart, mais pas une garantie absolue. La responsabilité individuelle et collective reste la meilleure arme pour empêcher le retour d’un virus qui a déjà marqué l’histoire sanitaire de La Réunion.



