La tempête qui secoue le service de cardiologie du CHU de Guadeloupe ne faiblit pas. Trois semaines après le retrait du Pr Laurent Larifla de ses fonctions de chef de service, l’UTS-UGTG a déposé un préavis de grève à compter du 29 septembre. Les agents dénoncent une « désorganisation majeure » qui met en péril la continuité des soins et l’avenir de la discipline.
Selon le syndicat, la nomination d’un responsable issu de la neurologie, dépourvu d’expertise en cardiologie, constitue une aberration. Elle fragilise le projet médical élaboré par les équipes spécialisées et validé par l’ARS. Les soignants alertent également sur le risque de perdre l’agrément indispensable à l’accueil d’internes, ce qui compromettrait l’attractivité du CHUG. À cela s’ajoute le sous-effectif chronique, qui empêche d’exploiter une deuxième salle de bloc interventionnel pourtant financée par des fonds européens.
Les revendications sont claires : réintégrer le Pr Larifla, ouvrir la salle de bloc inutilisée, recruter les spécialistes manquants, notamment un rythmologue, et garantir des moyens matériels à la hauteur des besoins. La pétition lancée en faveur du professeur a déjà recueilli près d’un millier de signatures, illustrant le malaise profond qui traverse l’hôpital.
Au-delà d’un conflit local, cette crise met en lumière la fragilité structurelle du CHU de Guadeloupe, déjà marqué par des scandales de gestion et des retards chroniques dans les chantiers. Alors que le déménagement vers le nouveau site de Perrin est prévu, l’affaire Larifla rappelle qu’aucun bâtiment neuf ne pourra masquer les failles organisationnelles si elles ne sont pas corrigées. Face à un enjeu aussi vital que la cardiologie, l’État comme la direction hospitalière doivent rétablir rapidement la confiance, faute de quoi c’est toute l’offre de soins du territoire qui risque d’être compromise.