La crise autour du service de cardiologie du CHU de Guadeloupe continue de s’envenimer. Alors que l’UTS-UGTG a lancé un préavis de grève illimitée à partir du 29 septembre, la direction a tenu à clarifier la situation : le Pr Laurent Larifla, figure reconnue de la cardiologie en Guadeloupe, n’a pas été « licencié ni mis à pied ». Il reste praticien hospitalier à temps plein, mais a été démis de sa fonction de chef de service.
Le directeur général, Éric Guyader, justifie cette décision par un désaccord profond sur le projet médical en cours : la fusion des unités de soins intensifs de cardiologie et de neurologie, anticipant le futur déménagement de l’hôpital vers Belle Plaine. Une réforme inscrite dans la conception même du nouvel établissement, pensée dès 2015, et que la direction présente comme une réorganisation destinée à « optimiser les moyens et gagner en efficacité ».
Les syndicats, eux, dénoncent une « mise à l’écart » injustifiée d’un médecin unanimement respecté, et une mutualisation dangereuse qui ferait courir le risque d’un effondrement progressif de la cardiologie au CHUG. Ils alertent sur la perte possible d’agrément pour la formation des internes et sur la démotivation des équipes médicales et paramédicales.
Au cœur de cette bataille se joue bien plus qu’une querelle de gouvernance : c’est la question de la qualité des soins et de l’attractivité du CHUG qui est posée, dans un contexte de sous-effectif chronique et de fortes attentes autour du futur site hospitalier. La direction assure que nul médecin ne sera contraint de sortir de son champ de compétence, et que les personnels pourront monter en compétences par des formations. Mais les syndicats et une partie du corps médical restent vent debout, voyant dans cette décision un symptôme de la crise de confiance qui mine l’hôpital.