Le rapport parlementaire consacré à TikTok, dévoilé ce jeudi, propose une série de mesures radicales pour protéger la jeunesse face à ce que les députés qualifient de « piège algorithmique ». La principale recommandation est claire : interdire purement et simplement l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. Pour les 15-18 ans, les rapporteurs souhaitent instaurer un « couvre-feu numérique » de 22h à 8h.

Une réponse à un problème de société

Cette commission d’enquête, lancée en mars 2025, a auditionné familles de victimes, experts, influenceurs et responsables des plateformes. Elle fait suite à plusieurs drames, dont des suicides de jeunes exposés à des contenus toxiques en ligne. Si TikTok affirme avoir renforcé sa modération grâce à l’intelligence artificielle, les députés jugent ces efforts insuffisants : règles trop faciles à contourner, baisse du nombre de modérateurs francophones et contenus dangereux toujours accessibles via des mots-clés détournés.

De la régulation à la responsabilisation parentale

Pour les élus, la régulation doit aller plus loin : interdiction en dessous de 15 ans, campagne nationale de prévention, mais aussi création d’un « délit de négligence numérique » visant les parents qui exposeraient volontairement leurs enfants aux dangers des réseaux. Une manière d’envoyer un signal clair : la protection des mineurs en ligne est aussi une responsabilité familiale.

Un débat entre libertés et protection

Ces mesures s’inscrivent dans le sillage de la « majorité numérique » voulue par Emmanuel Macron, mais qui n’a jamais été pleinement appliquée faute d’outils fiables de vérification d’âge. Bruxelles a ouvert la voie à des régulations nationales, mais l’équilibre reste fragile : protéger les enfants sans tomber dans une atteinte disproportionnée aux libertés individuelles. Les députés préviennent toutefois : si les plateformes ne respectent pas leurs obligations d’ici trois ans, l’interdiction pourrait être étendue jusqu’à 18 ans.

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