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Réunis mercredi 8 octobre pour le 4ᵉ Congrès des élus, plus de soixante responsables politiques martiniquais ont voté à l’unanimité une résolution en faveur d’un « pouvoir normatif autonome » domicilié en Martinique. Une étape présentée comme « historique » par ses promoteurs, mais qui soulève déjà de sérieuses réserves dans une population peu convaincue par la perspective d’un nouveau changement statutaire.

Un consensus politique, pas forcément populaire

Pour le président du Conseil exécutif, Serge Letchimy, cette adoption marque « l’aboutissement d’un combat de quarante ans » et l’ouverture d’une nouvelle étape du dialogue avec l’État. Le texte prévoit la possibilité d’édicter localement certaines règles et normes, sans sortir du cadre républicain. Les élus évoquent un objectif d’« autonomie opérationnelle » afin de mieux adapter les politiques publiques aux réalités locales.

Mais dans un contexte national incertain, la démarche interroge. Comme le rappelle le sénateur honoraire Claude Lise, « toute réforme institutionnelle doit être accompagnée des moyens nécessaires ». Or, l’expérience des transferts de compétences depuis la création de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) a souvent montré l’inverse : davantage de responsabilités sans financement à la hauteur. D’autres élus, comme Louis Boutrin, estiment qu’il serait « plus sage d’améliorer l’existant plutôt que de modifier la Constitution ».

Le doute persistant d’une population distante

Si la classe politique affiche une unité rare, le débat semble se dérouler loin des préoccupations des Martiniquais. Sur les réseaux sociaux et dans certains médias locaux, des voix dénoncent une « fuite en avant institutionnelle » alors que les urgences quotidiennes (sécurité, emploi, vie chère, gestion de l’eau ou des déchets) demeurent sans réponse concrète.

Pour les partisans du maintien dans la République, cette initiative risque de détourner l’énergie politique des véritables priorités. L’autonomie, rappellent-ils, ne garantit ni efficacité ni stabilité : seule une meilleure gouvernance locale et un renforcement des moyens accordés par l’État pourront redonner confiance aux citoyens.


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