L’ouverture du 107ᵉ Congrès des maires de France, lundi à Paris, a donné la parole aux territoires qui vivent déjà les effets les plus brutaux du changement climatique : les Outre-mer. Depuis le parc des expositions de la Porte de Versailles (Paris), les édiles ultramarins ont décrit une réalité d’urgence absolue, loin des discours abstraits. Pour certains, la perspective d’un déplacement total de leur population n’est plus une hypothèse, mais un compte à rebours.

Les maires ultramarins alertent : il faudra déplacer des communes entières

Dans la salle, les témoignages ont rappelé ce que vit la France hors de l’Hexagone. À Awala-Yalimapo, en Guyane, la mer a gagné plus de cent mètres en dix ans : plusieurs familles ont déjà été relogées et la commune pourrait devenir la première de France à être déplacée dans son ensemble. En Polynésie, l’atoll de Hao, haut de trois mètres seulement, voit ses plages disparaître et sa population se préparer à devenir, selon la maire, « les réfugiés climatiques de demain ». En Guadeloupe ou à Saint-Pierre-et-Miquelon, des habitants ont déjà été contraints à quitter leurs terrains rongés par l’érosion. À Mayotte, les élus ont rappelé la fragilité croissante du trait de côte : à Pamandzi, les grandes marées submergent régulièrement les pistes de l’aéroport international, symbole d’une commune littéralement prise en étau entre la mer qui monte et les failles géologiques.

Partout, le même cri d’alarme s’est fait entendre au Congrès des maires : les territoires d’Outre-mer sont en première ligne, mais les maires se sentent seuls. Aucun plan national de relogement ou de déplacement n’existe pour accompagner les communes menacées. L’accès aux fonds d’urgence reste complexe, et les élus dénoncent un manque flagrant de moyens et d’ingénierie pour adapter leur territoire.

Pour les élus ultra-marins, l’enjeu dépasse la seule question environnementale : c’est la survie de villages, de communes entières, de cultures et de modes de vie qui se joue. Et ils ont prévenu : si la France n’anticipe pas, les premiers déplacés climatiques du territoire seront ses propres citoyens d’Outre-mer.

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