À Belém, où se tient la COP30, la Guyane s’est invitée au cœur des discussions climatiques grâce à la mobilisation d’habitants du Haut-Maroni. Au Pavillon France, les représentants wayana ont présenté un travail inédit mené dans leurs villages : la surveillance environnementale directe de leur territoire, mis à rude épreuve par l’orpaillage illégal.
Un dispositif baptisé « Gardiens du Haut-Maroni », soutenu par WWF Guyane, l’Office français de la biodiversité et la Fondation Anyama. Objectif : transformer des habitants en observateurs formés, capables de relever des données fiables sur l’état des forêts, des rivières et de la faune. Un outil essentiel pour mesurer l’impact des trafics aurifères et l’étendue de la contamination au mercure.
Une Guyane en première ligne
Les Gardiens du Haut-Maroni observent une dégradation continue : pollution des eaux, disparition de zones forestières, maladies liées aux baignades dans les cours d’eau contaminés et inquiétudes sur la sécurité alimentaire. Les données qu’ils recueillent (mesures de qualité de l’eau, cartographies de la déforestation, suivi des animaux via pièges photo) dressent un constat clair : le Haut-Maroni paie au prix fort l’activité des orpailleurs clandestins.
Pour la Guyane, leur présence à la COP30 permet de rappeler une évidence trop souvent minimisée : le changement climatique ne peut être dissocié de la lutte contre les trafics transfrontaliers, en particulier l’orpaillage illégal qui détruit les écosystèmes, empoisonne les fleuves et fragilise durablement les communautés autochtones.
Coopération régionale et internationale
Les acteurs présents à Belém ont souligné la nécessité absolue d’une action coordonnée entre les trois pays concernés : France (Guyane), Brésil et Suriname. Si les échanges franco-brésiliens progressent, les flux logistiques et chimiques liés à l’orpaillage transitent toujours massivement par le Maroni, ce qui rend indispensable l’implication du Suriname dans tout dispositif de lutte efficace.
En portant leur message à la COP30 — où se côtoient près de 50 000 participants venus du monde entier — les Gardiens du Haut-Maroni accomplissent ce que les grandes conférences peinent encore à faire : mettre des visages, des territoires et des vies sur les enjeux climatiques globaux.
À Belém, la Guyane ne se contente pas d’alerter. Elle démontre qu’il existe des solutions locales, fondées sur la connaissance du terrain et la responsabilité communautaire, à condition que la coopération régionale et l’État français suivent.
Des personnalités politiques guyanaises, dont l’ancienne ministre Christiane Taubira, ont tenu à soutenir l’initiative et rappeler l’urgence d’agir. Plus de 25 ans après les premières alertes officielles sur le mercure, les constats demeurent alarmants, preuve que le problème dépasse largement les seules capacités locales.



