Le projet de loi de finances (PLF 2026) et le budget de la Sécurité sociale (PLFSS) provoquent une véritable onde de choc dans les territoires ultramarins. Selon la Fédération des entreprises d’Outre-mer (Fedom), le gouvernement prévoit de réduire de 750 millions d’euros les dispositifs spécifiques de soutien aux entreprises : 350 millions sur les exonérations de charges sociales (Lodeom) et 400 millions sur la défiscalisation de l’investissement productif.
Pour Hervé Mariton, président de la Fedom, c’est un « coup de massue » infligé à des économies déjà fragilisées. Ces mesures, juge-t-il, sont en contradiction avec les promesses gouvernementales de baisse des charges pour les TPE-PME, premières bénéficiaires de la Lodeom, qui concerne près de 50 000 entreprises.
Les élus ultramarins, toutes tendances confondues, dénoncent un budget élaboré dans la méconnaissance des réalités économiques locales. Le député Christian Baptiste a brandi la menace d’une motion de censure, tandis que le sénateur Victorin Lurel fustige une copie « reprenant les pires préconisations de Bercy ». Tous soulignent que la Lodeom, créée en 2009, représente un outil vital pour la compétitivité et l’emploi dans des territoires où les coûts logistiques et sociaux sont nettement supérieurs à la moyenne nationale.
Le gouvernement, de son côté, justifie ces coupes par la nécessité de « maîtriser le coût » de ces dispositifs, estimé à 1,5 milliard d’euros en 2024, et de garantir une meilleure efficacité de la dépense publique. Mais sur le terrain, ce discours technocratique sonne creux : réduire les allègements de charges et la défiscalisation, c’est affaiblir le tissu productif ultramarin et accentuer la dépendance à la métropole.
Derrière ce bras de fer budgétaire se joue bien plus qu’une ligne comptable : il s’agit de la place des Outre-mer dans l’économie nationale. Alors que la République devrait soutenir ses périphéries pour préserver son unité, certains choix parisiens donnent le sentiment inverse — celui d’un État qui se désengage au moment où la solidarité devrait s’affirmer.



