Face à la colère grandissante des Guadeloupéens, le préfet Thierry Devimeux a réuni lundi 27 octobre plusieurs représentants d’associations d’usagers pour tenter de renouer le dialogue autour de la crise de l’eau. Réunis à l’Université des Antilles, les participants ont dénoncé des coupures interminables, des factures injustifiées et un sentiment d’abandon, malgré les annonces de l’État.
Les échanges ont été vifs. Yann Ceranton, porte-parole du collectif Moun san dlo, a exprimé la lassitude d’une population contrainte de “payer pour un service qu’elle ne reçoit pas”. Les 40 millions d’euros débloqués par la préfecture pour intervenir sur le réseau sont jugés insuffisants. Certains demandent désormais un soutien financier pour l’achat de citernes, symbole d’une résignation contrainte à vivre sans distribution régulière.
Thierry Devimeux a reconnu la gravité de la situation et la lenteur du redressement. Selon lui, trois leviers sont indispensables : une gouvernance solide du syndicat de l’eau, une meilleure ingénierie technique pour accélérer les chantiers et des financements additionnels à mobiliser auprès de l’Europe et des collectivités locales. Mais le préfet a tenu à être lucide : « Ce serait mentir aux Guadeloupéens de dire que l’on va régler ce problème rapidement. »
Au-delà du manque d’eau potable, les questions d’assainissement et de pollution préoccupent également les habitants. Le rejet des eaux usées dans le milieu naturel menace les coraux, les plages et donc tout un pan du tourisme local.
Si cette rencontre n’a débouché sur aucune décision immédiate, elle a permis de restaurer un dialogue entre l’État et la société civile. Mais la patience des Guadeloupéens atteint ses limites : l’eau n’est pas un luxe, c’est un droit, et seule une gestion rigoureuse, débarrassée des querelles politiques, permettra de restaurer la confiance. La République doit montrer qu’elle tient ses promesses jusque dans ses territoires ultramarins.



