Selon les dernières projections de BPCE L’Observatoire, la France devrait enregistrer près de 69 000 défaillances d’entreprises en 2025, soit une hausse contenue de 3 % par rapport à l’an dernier. Si ce chiffre traduit un ralentissement par rapport à 2024 (+18 %), il met aussi en lumière des disparités régionales inquiétantes : la Guyane apparaît parmi les départements les plus touchés, avec un taux de défaillances pouvant atteindre 4 %, soit quatre fois la moyenne nationale.
Dans un contexte de fragilité économique, marqué par une demande atone et des incertitudes politiques persistantes, les entreprises guyanaises paient au prix fort les difficultés structurelles. Alors que la France entière connaît une démographie entrepreneuriale dynamique – plus de 1,1 million de créations en 2024 –, la Guyane subit de plein fouet la surreprésentation de secteurs vulnérables comme le BTP et les transports, qui concentrent près d’un quart des emplois menacés.
La tendance est d’autant plus préoccupante que les petites et moyennes entreprises, colonne vertébrale du tissu productif, sont en première ligne. Les dépôts de bilan des PME et ETI ont bondi respectivement de 50 % et 94 % depuis 2015. Or, dans un territoire où la dépendance aux commandes publiques reste forte et où l’accès au crédit demeure plus difficile qu’en métropole, la moindre perturbation économique fragilise immédiatement la trésorerie des exploitants.
Face à ce constat, il est urgent de rappeler que l’État ne peut se désengager de la Guyane. Les Outre-mer ne sont pas des marges périphériques, mais bien une partie intégrante de la République. Garantir des conditions de financement équitables, simplifier l’accès aux fonds européens et soutenir l’investissement privé ne sont pas des privilèges mais des nécessités pour éviter que la Guyane ne sombre dans une spirale de faillites qui détruirait son potentiel économique.