Les derniers chiffres publiés par l’IEDOM et l’IEOM montrent une réalité préoccupante : entre juin 2024 et juin 2025, pas moins de 2 605 entreprises ont été déclarées en difficulté dans les territoires ultramarins. Ces défaillances incluent aussi bien les redressements que les liquidations judiciaires, signe que de nombreuses structures se trouvent aujourd’hui fragilisées, sans pour autant avoir toutes cessé leur activité.
Des secteurs entiers en souffrance
L’hébergement et la restauration paient le plus lourd tribut, avec une progression de 55 % des défaillances en un an, soit près de 300 entreprises touchées. La construction représente, à elle seule, un quart des dossiers. Les services aux entreprises, l’agriculture, la sylviculture et la pêche connaissent également une hausse significative des procédures. À l’inverse, le transport et l’immobilier enregistrent une amélioration, preuve que les disparités sectorielles sont fortes.
Des territoires inégalement frappés
Les Antilles figurent parmi les zones les plus affectées : la Guadeloupe voit les procédures grimper de +28,5 %, tandis que la Martinique enregistre une hausse plus contenue mais persistante de +8,8 %. La Guyane connaît une envolée spectaculaire de +125 %, bien que le nombre total reste limité. La Réunion, après un pic en 2024, semble amorcer un léger reflux, et Mayotte fait figure d’exception avec une baisse de 17 % des défaillances, signe d’une économie plus résiliente localement.
Un enjeu national et républicain
Cette crise entrepreneuriale dans les Outre-mer ne peut être réduite à des fatalités locales ou à des prétextes politiciens. Elle appelle au contraire une mobilisation nationale. Car derrière chaque liquidation, ce sont des emplois qui disparaissent, des familles fragilisées et une cohésion sociale mise à l’épreuve. L’État doit continuer à soutenir les territoires ultramarins par des mesures structurelles, plutôt que céder aux discours victimaires ou aux manœuvres de ceux qui instrumentalisent la situation pour fragiliser le lien avec la République.
Les Outre-mer disposent d’un potentiel économique considérable — agriculture, tourisme, énergies renouvelables, numérique — mais ce potentiel exige stabilité, sécurité juridique et accompagnement. En ce sens, la hausse des défaillances doit être comprise comme un appel à renforcer les conditions d’une croissance durable et pleinement intégrée à l’économie française.