Le ministère de l’Intérieur a livré un état des lieux sans détour : la délinquance progresse sur plusieurs volets en France, et les départements ultramarins n’échappent pas à cette tendance. Sur douze mois, les vols d’accessoires de véhicules (+13 %), les tentatives d’homicide (+11 %) et les violences sexuelles (+10 %) constituent les principaux motifs de préoccupation. Mais derrière ces chiffres globaux se cachent des réalités territoriales très différentes.

Aux Antilles, la hausse des tentatives d’homicide est nette, dans un contexte déjà marqué par la circulation des armes et des trafics. La Guadeloupe reste stable en matière d’homicides, quand la Martinique connaît une augmentation et la Guyane une décrue notable. À Mayotte, la baisse est plus modérée, mais les tensions locales restent fortes. Ces évolutions rappellent l’urgence de consolider la présence policière et judiciaire dans des zones où la République doit réaffirmer son autorité.

La Réunion, département le plus peuplé, se distingue par un nombre particulièrement élevé de victimes de violences physiques et sexuelles : plus de 11 000 sur un an, soit deux fois plus que dans les autres territoires ultramarins. Ce chiffre, qui ne peut s’expliquer uniquement par la démographie, révèle des problématiques spécifiques, notamment en matière de violences intrafamiliales.

Concernant les vols et cambriolages, la Guyane suit la tendance nationale à la baisse, tandis que la Guadeloupe connaît une légère hausse dans tous les indicateurs. La Martinique et Mayotte se situent dans une position intermédiaire. En matière de stupéfiants, la hausse nationale liée à l’intensification des contrôles post-JO se retrouve surtout à La Réunion et en Martinique. À l’inverse, la Guadeloupe enregistre une baisse, tout comme la Guyane en ce qui concerne le trafic — une baisse en trompe-l’œil car la région reste une plaque tournante majeure du passage de cocaïne vers l’Europe.

Ces chiffres traduisent une réalité complexe : les Outre-mer ne sont pas uniformément plus criminogènes que l’Hexagone, mais leur vulnérabilité face aux trafics et aux violences est bien réelle. Dans ce contexte, la priorité doit rester la même : renforcer l’État, soutenir les forces de l’ordre et la justice, et refuser tout discours déresponsabilisant qui, au lieu de protéger les habitants, banaliserait la violence.

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