Une vaste opération judiciaire a permis de frapper un grand coup contre la criminalité organisée à Mayotte. Dans la nuit du 7 au 8 septembre, seize personnes ont été interpellées dans le cadre d’une enquête ouverte par le procureur de la République, Guillaume Dupont. Les forces de l’ordre ont saisi près de 6 000 euros en liquide, un véhicule, cinq moteurs de bateau, un pistolet d’alarme et un taser, confirmant l’ampleur des activités criminelles du réseau.
Exploitation de femmes malgaches et blanchiment d’argent
Selon les premiers éléments de l’enquête, le réseau opérait depuis 2024 sur plusieurs communes, dont Chirongui et Chiconi. Il est soupçonné d’avoir organisé la prostitution forcée de femmes malgaches et de s’être enrichi à travers un système de traite d’êtres humains. Les enquêteurs estiment que plus de 207 000 euros auraient été blanchis via ces activités illégales.
Douze personnes ont déjà été mises en examen, la majorité étant placée en détention provisoire au centre pénitentiaire de Majicavo. Les commanditaires risquent jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle et 3 millions d’euros d’amende, tandis que les clients encourent une amende pouvant atteindre 1 500 euros.
Un fléau persistant dans les Outre-mer
Cette affaire illustre une réalité préoccupante : la traite des êtres humains reste une plaie en Outre-mer. Mayotte et la Guyane figurent parmi les territoires les plus touchés, notamment pour des formes d’exploitation par le travail ou par la prostitution. La majorité des victimes, souvent des femmes migrantes en situation précaire, sont contraintes par la violence ou la dépendance économique.
Selon un rapport conjoint des ministères de la Justice et de l’Intérieur, entre 2016 et 2023, 169 victimes ont été recensées à Mayotte, dont 85 % liées à l’exploitation par le travail. Pourtant, le nombre de condamnations reste faible : les réseaux criminels, très mobiles, exploitent la vulnérabilité des victimes et les failles locales en matière de contrôle.
Une bataille à poursuivre pour la République
À Mayotte comme ailleurs, la lutte contre ces réseaux est une priorité de l’État. Elle illustre le rôle indispensable des forces de sécurité et de la justice pour défendre les plus vulnérables et affirmer l’autorité de la République. Le démantèlement de ce réseau de proxénétisme doit marquer un tournant : la tolérance zéro face à ceux qui exploitent la misère humaine et profitent du désordre social pour fragiliser la cohésion nationale.