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La tournée antillaise du garde des Sceaux s’achève ce mardi en Martinique après plusieurs jours à Saint-Martin, Saint-Barthélemy et en Guadeloupe. Gérald Darmanin y a multiplié les annonces, notamment la création d’un tribunal autonome et d’une maison d’arrêt pour Saint-Martin, ou encore des échanges avec les forces de sécurité et la justice sur l’explosion du narcotrafic dans la région. Mais c’est bien l’étape martiniquaise qui concentrera toutes les attentes, tant la situation sécuritaire locale demeure critique.

Une journée martiniquaise entièrement consacrée au régalien

Le ministre débutera dès 9h30 à la cour d’appel de Fort-de-France pour une réunion de travail avec magistrats et personnels. Il se rendra ensuite au centre pénitentiaire de Ducos où sera inaugurée la nouvelle structure d’accompagnement vers la sortie. L’après-midi sera dédié aux dossiers les plus explosifs du territoire : réunion à la JIRS sur le narcotrafic et le crime organisé, puis déplacement à la Tour Lumina pour un point précis sur la lutte contre la prostitution des mineurs, phénomène en inquiétante progression.

Cette dernière journée devait être la plus politique de son déplacement, tant la Martinique traverse depuis deux ans une dérive sécuritaire sans précédent. Règlements de comptes, violences urbaines, réseaux criminels structurés, exploitation sexuelle de mineurs, impunité ressentie : la population ne croit plus en la capacité de la justice à protéger. Plusieurs décisions récentes, comme l’absence de sanctions exemplaires après le déboulonnage de statues ou l’invasion de la piste de l’aéroport Aimé-Césaire, ont renforcé ce sentiment d’abandon républicain. Et les commerçants victimes des violences de Petitot et de ses groupuscules attendent toujours des réponses pénales.

Au-delà des symboles, c’est toute la doctrine de fermeté qui est aujourd’hui en question dans les Antilles. La loi Retailleau contre le narcotrafic ne portera ses fruits que si la justice locale applique pleinement l’exigence républicaine. Or 40 pour cent de la cocaïne entrant en France transite par les Antilles et la Guyane, sans que les réseaux criminels ne semblent véritablement freinés. Les décisions judiciaires doivent retrouver cohérence, rapidité et autorité.

Demain, en Martinique, Gérald Darmanin viendra clore une tournée qui se veut régalienne. Mais les habitants, les élus et les entreprises ne demandent plus de constats ni de compassion. Ils exigent un sursaut. Le garde des Sceaux pourra annoncer des moyens, inaugurer des structures, renforcer la coopération avec les forces de l’ordre. Ce qu’on attend réellement de lui, c’est une justice enfin alignée sur l’urgence sécuritaire antillaise. Une justice qui protège vraiment. Une justice qui sanctionne vraiment. Une justice qui réinstalle, partout, l’autorité de l’État.

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