À Cayenne, le quartier de la Rénovation Urbaine a vibré ces derniers mois au rythme du projet L’Empreinte. Six artistes, venus de Guyane, du Brésil, d’Europe ou de l’Hexagone, ont mêlé leur talent à la parole des habitants pour créer fresques monumentales et sculpture, désormais visibles dans ce secteur en pleine transformation.
Une création collaborative qui raconte l’histoire du quartier
Entre avril et septembre, les artistes et l’association Digital Street Art ont multiplié rencontres et échanges avec jeunes, adultes et anciens de la Réno. Les résidents ont voté pour les projets, donnant une direction claire à cette résidence artistique entièrement pensée avec eux. Début novembre, pinceaux, bombes et nacelles ont pris le relais pour donner naissance à des œuvres marquées par l’identité du quartier.
Certaines fresques divisent, d’autres séduisent, mais toutes interpellent. Celle de DaCruz, dominée par des jaguars et les couleurs du drapeau guyanais, fait réagir : « J’aurais préféré autre chose », souffle un habitant, tandis qu’un autre apprécie d’y lire « La Réno ». Plus loin, la fresque d’Azer et Joma revisite le « Radeau de la Méduse » et « La Liberté guidant le peuple » avec des modèles inspirés de personnes réelles du quartier, brandissant un drapeau où figurent les noms « Latè Rouj », « Reno Bann » ou « Hill Top ».
Sous les fenêtres, les enfants donnent aussi leur avis. « Moi, j’aime la Marianne », lance Keegan, ravi de reconnaître l’un des personnages peints.
Brady et Drika Chagas ont, eux, choisi de représenter des symboles forts de la culture locale : masque de carnaval, paréo, trompette de Reno Bann ou carte de la Guyane. « C’est notre culture », s’enthousiasme Kessy, habitante de la Réno.
Moment fort de cette restitution : le portrait du militant Raymond Charlotte, réalisé sur le mur de sa maison. Une surprise accueillie avec fierté par celui qui vit dans le quartier depuis 1974.
Dans un dernier geste collectif, les habitants ont été invités à réaliser des pochoirs pour décorer les bancs autour de l’aire de jeux. Sur fond de fresques flamboyantes, adultes et enfants ont donné leurs couleurs à ce lieu qu’ils voient aujourd’hui autrement. Une preuve tangible que L’Empreinte a réussi son pari : ancrer l’art au cœur d’un quartier qui continue de se réinventer.



