La Dominique s’apprête à franchir une étape décisive dans son développement énergétique. D’ici mars 2026, la mise en service de sa première centrale géothermique permettra de produire environ 50 % de l’électricité consommée sur l’île, avec un objectif affiché d’autonomie énergétique totale à l’horizon 2030. Un projet structurant, présenté par les autorités comme un levier majeur de stabilité économique et de souveraineté énergétique.
Implantée à Laudat, dans la vallée centrale de Roseau, la centrale repose sur une capacité initiale de 10 mégawatts, répartie en deux unités. Elle sera en mesure d’alimenter près de 23 000 foyers, pour une population estimée à 70 000 habitants. Le chantier, confié au groupe Ormat Technologies, représente un investissement d’environ 30 millions d’euros. Il bénéficie d’un montage financier solide, associant prêts concessionnels et subventions internationales, avec le soutien notamment de la Banque mondiale, de la Banque européenne d’investissement, de l’Union européenne et de l’Agence française de développement, aux côtés de capitaux privés.
Un choix stratégique pour la stabilité économique
À terme, les autorités dominicaines envisagent une montée en puissance de l’installation, avec une capacité portée entre 20 et 25 mégawatts. Cette évolution permettrait de couvrir jusqu’à 70 % des besoins électriques du pays et de réduire fortement la dépendance aux importations de carburants fossiles, un poste de dépense lourd et instable pour l’économie insulaire. La Dominique devient ainsi la deuxième île de la Caraïbe orientale, après la Guadeloupe, à exploiter concrètement son potentiel géothermique.
La technologie repose sur l’utilisation de l’eau chauffée naturellement par le magma en profondeur. La vapeur produite entraîne des turbines génératrices d’électricité, offrant une production continue, indépendante des aléas climatiques. Un atout majeur pour les territoires insulaires, souvent limités dans le déploiement du solaire ou de l’éolien en raison de contraintes géographiques et de réseau.
Au-delà de l’approvisionnement électrique, le projet devrait contribuer à une baisse durable du coût de l’énergie pour les ménages et les entreprises, grâce à des financements à taux préférentiels et à l’appui du Fonds vert pour le climat. Les bénéfices environnementaux sont également mis en avant, avec une réduction estimée à plusieurs millions de tonnes d’émissions de CO2 sur la durée de vie de la centrale.
Les autorités entendent enfin tirer parti de ce socle énergétique pour soutenir des activités industrielles et stratégiques, notamment dans le dessalement de l’eau, renforçant la sécurité hydrique du pays. À plus long terme, le potentiel géothermique de la Dominique excède largement ses besoins internes, ouvrant la voie à des projets d’exportation régionale ou à la production d’hydrogène vert.
La mise en service de la centrale en 2026 marque ainsi un tournant pour l’île, qui fait le choix d’une énergie pilotable, souveraine et compatible avec une stratégie de développement économique durable.



