Après les révélations sur la présence de trihalométhanes (THM) dans l’eau potable, le débat s’enflamme en Guyane. Ce qui n’était qu’un sujet technique devient un véritable dossier politique. Du député Jean-Victor Castor à l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, en passant par le sénateur Georges Patient et l’Association des maires de Guyane, tous réclament des comptes sur la gestion de la ressource vitale.
Taubira, dans un ton indigné, dénonce sur les réseaux sociaux “un scandale en gestation” et appelle à “ne plus consentir la moindre concession”. Georges Patient, plus mesuré, met en cause les “limites structurelles” du système de production et de distribution, rappelant que les citoyens n’ont pas été suffisamment informés. Une critique claire de l’opacité qui entoure la gestion de l’eau, confiée à la SGDE, délégataire des communes.
Selon les données communiquées, les concentrations en THM sous-produits de la désinfection au chlore — atteignent des niveaux élevés : 88 µg/L à La Comté, 54 µg/L à Matiti et 79 µg/L à Sinnamary, des taux qui frôlent les limites admises par l’OMS. Si la SGDE assure que des “mesures correctives” ont été prises, l’affaire révèle une réalité inquiétante : le réseau guyanais est à bout de souffle, et les élus locaux, pourtant compétents sur la question, semblent découvrir tardivement l’étendue du problème.
Dans un communiqué, l’Association des maires de Guyane regrette “le manque d’information des populations” et réclame davantage de transparence. Pourtant, plusieurs de ces maires siègent dans les instances décisionnelles de l’eau et avaient été informés dès juillet des dépassements de seuils par l’ARS. Ce réveil tardif a donc des allures de mea culpa politique.
Derrière les chiffres, c’est la question de la confiance dans la gestion publique qui se pose. Car l’eau potable, en Guyane comme ailleurs, n’est pas seulement un enjeu sanitaire : c’est un test de la capacité des institutions à garantir un service public essentiel et à le faire dans la clarté.



