Le tribunal administratif de Nouméa a condamné l’État à verser plus de 28 millions d’euros à l’assureur Allianz pour les dégâts subis lors des émeutes de mai 2024 en Nouvelle-Calédonie. Une décision lourde de sens, qui engage directement la responsabilité de l’État pour n’avoir pas assuré un « niveau raisonnable de sécurité » alors même que les signaux d’alerte s’accumulaient avant l’embrasement.

Dans son jugement, la juridiction estime que les autorités disposaient de délais suffisants pour anticiper les violences, mais qu’elles n’ont pas tiré les conséquences des avertissements transmis par le haut-commissaire et des multiples signaux annonçant une insurrection imminente. Résultat : des commerces incendiés, pillés, des quartiers entiers ravagés, et une facture colossale qui, in fine, sera supportée par la collectivité nationale.

Les requêtes d’Allianz concernaient notamment le centre commercial Kenu In, symbole de l’activité économique calédonienne, détruit entre le 15 et le 17 mai 2024. Ces émeutes, déclenchées sur fond de contestation indépendantiste contre une réforme électorale, ont provoqué les pires violences qu’ait connues l’archipel depuis les années 1980 : plus de deux milliards d’euros de dégâts et quatorze morts. Un traumatisme durable pour la Nouvelle-Calédonie, mais aussi pour l’ensemble de la France.

Au-delà de la condamnation judiciaire, cette décision met en lumière une réalité inquiétante : l’effondrement de la confiance des assureurs dans les Outre-mer. Depuis fin 2024, plusieurs compagnies ont restreint leur présence ou durci drastiquement leurs conditions, jugeant le risque d’émeutes devenu trop fréquent et trop coûteux. Les entrepreneurs, déjà fragilisés, se retrouvent pris en étau entre insécurité chronique et envolée des primes, quand l’assurance n’est pas tout simplement refusée.

Ce jugement pose donc une question centrale : jusqu’où l’État peut-il tolérer que des violences politisées, souvent instrumentalisées par des minorités radicales, détruisent l’économie locale sans réponse ferme et anticipée ? Défendre l’ordre républicain n’est pas une option, c’est une obligation. À défaut, ce sont non seulement des millions d’euros d’argent public qui s’envolent, mais aussi la crédibilité de la République dans ses territoires ultramarins qui s’érode dangereusement.

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