En Guyane, plusieurs artistes et enseignants de musique se lancent dans un parcours de Validation des acquis de l’expérience afin d’obtenir une reconnaissance officielle de leurs compétences. Entre excellence académique et traditions locales, cette démarche ouvre de nouvelles perspectives pour des professionnels souvent restés en dehors des circuits institutionnels.

Un outil pour légitimer des parcours et préserver les pratiques locales

Parmi les candidats figure la pianiste classique Régine Lapassion, formée à l’École normale de Paris et reconnue internationalement. Elle prépare deux diplômes d’État, en chant et en piano. « Si je veux aller à l’étranger, j’ai un diplôme reconnu. Cette VAE légitimise ma posture de directrice d’école de musique et permet de boucler la boucle », souligne-t-elle.

Prévue par la loi depuis 2005, la VAE est aussi un levier pour valoriser des savoirs qui ne s’apprennent pas dans les conservatoires. Karine Hahn, formatrice, y voit une chance de mettre en lumière des pratiques culturelles souvent absentes des grandes institutions. « Les découpages habituels ne reflètent pas la réalité : en Guyane, musique, danse, costume et coiffure sont indissociables », explique-t-elle.

Le tambouyèn Anccy Clet, figure majeure de la transmission du tambour traditionnel, s’engage lui aussi dans la démarche. « La reconnaissance de nos pratiques musicales permet d’obtenir un statut officiel, en Guyane comme au niveau national », affirme-t-il.

Pour la Collectivité territoriale de Guyane, l’enjeu est également territorial. « Le but, c’est qu’ils restent en Guyane et qu’ils détectent eux-mêmes les talents, car nous en avons partout », insiste Serge Long-Him-Nam, président du Conservatoire.

Les candidats ont jusqu’au 30 novembre pour déposer leur premier dossier. Suivront un dossier détaillé en mai, puis un entretien devant jury, organisé directement en Guyane. Une étape décisive pour faire reconnaître, enfin, l’expertise de ceux qui portent la richesse culturelle du territoire.

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