Classé espèce exotique envahissante depuis 2018, l’iguane rayé, originaire d’Amérique centrale et d’Amazonie, bouleverse profondément les équilibres naturels en Martinique. Sa prolifération rapide met en danger la faune et la flore locales, au premier rang desquelles l’iguane endémique, protégé. Face à cette menace, des équipes spécialisées sont désormais chargées de capturer et d’éliminer l’animal, une mission sensible mais jugée indispensable.
Une régulation encadrée pour préserver le patrimoine naturel
Introduit volontairement au fil des décennies, notamment par les marins et certains projets de zoos dans les années 1960, l’iguane rayé s’est durablement implanté sur l’île. Bien plus prolifique que son cousin martiniquais, il pond jusqu’à 80 œufs par an contre 20 à 30 pour l’espèce endémique. Ce déséquilibre accélère un phénomène de remplacement écologique, avec des conséquences en chaîne sur l’ensemble des milieux naturels.
Depuis 2013, l’État autorise officiellement la capture et la destruction de l’iguane rayé. En pratique, les brigades d’intervention, notamment celles du parc naturel de la Martinique, procèdent à des opérations régulières dans les zones les plus touchées, comme Fort-de-France, Schoelcher ou le sud de l’île. En deux ans, plus d’un millier d’individus ont déjà été éliminés dans certains secteurs urbains et périurbains.
Les animaux capturés sont euthanasiés puis incinérés, selon un protocole strict. Les responsables de ces opérations le rappellent : il ne s’agit ni de cruauté ni de plaisir, mais d’une action de protection de la biodiversité martiniquaise. La même logique s’applique à d’autres espèces envahissantes, comme la tortue de Floride ou certaines mangoustes, dont l’impact sur les écosystèmes s’est révélé tout aussi destructeur.
Si le nord de l’île reste encore relativement préservé, la pression s’intensifie ailleurs, avec des alertes croissantes sur de nouveaux foyers d’invasion. Pour les autorités et les scientifiques, le message est clair : sans régulation ferme et continue, l’iguane endémique de Martinique pourrait disparaître à terme. Un combat discret, mais crucial, pour préserver un patrimoine naturel qui fait pleinement partie de la richesse française outre-mer.



