La question des retombées des essais nucléaires en Polynésie française revient au cœur du débat parlementaire. Une proposition de loi portée par la députée Mereana Reid-Arbelot doit être examinée en janvier 2026 à l’Assemblée nationale, avec l’objectif d’élargir les critères d’indemnisation des victimes. En parallèle, l’État poursuit sur le terrain sa mission dite « Aller vers », afin d’aider les Polynésiens à constituer leurs dossiers auprès du CIVEN, instance chargée de l’indemnisation.

Entre 1966 et 1996, la France a conduit 193 essais nucléaires à Moruroa et Fangataufa. Une page stratégique majeure de l’histoire nationale, qui a contribué à garantir l’indépendance militaire et la dissuasion française, mais dont les conséquences sanitaires continuent d’alimenter interrogations et souffrances. Les cancers et maladies dites radio-induites, parfois concentrés dans certaines familles, nourrissent un sentiment durable d’injustice, aggravé par la complexité administrative des démarches.

La proposition de loi défendue par la députée polynésienne vise à rompre avec une logique technocratique jugée inapplicable, notamment le seuil de dose d’irradiation. Le texte reposerait désormais sur un principe d’exposition : avoir vécu ou être né en Polynésie durant la période des essais atmosphériques, et développer une pathologie reconnue, suffirait à ouvrir droit à indemnisation. Une évolution majeure, qui reconnaît la spécificité du contexte polynésien sans pour autant verser dans l’arbitraire.

Reste un impératif fondamental : concilier reconnaissance et rigueur. L’indemnisation des victimes est un devoir moral et républicain, mais elle doit s’inscrire dans un cadre clair, équitable et soutenable, loin de toute instrumentalisation politique ou victimaire. La France ne peut ni nier son histoire, ni se renier elle-même : réparer, oui ; culpabiliser sans discernement, non. Car les enjeux ultramarins, ici comme ailleurs, engagent toute la Nation.

Privacy Preference Center