L’ouverture du Festival des Arts et de la Culture des Îles Marquises, lundi 15 décembre à Ua Huna, s’est déroulée dans une atmosphère de ferveur populaire, pour la première fois sous le label de patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais derrière la célébration culturelle, cette 15e édition a aussi été le théâtre d’un discours politique appuyé, porté par le président de la CODIM, Benoît Kautai, en présence du président de la Polynésie française.
La cérémonie d’ouverture a offert des images fortes, avec l’arrivée officielle au milieu de la cavalerie locale, symbole de l’identité marquisienne. Le thème retenu cette année, Haakāiè, invite à la fierté culturelle. Une fierté que les organisateurs entendent clairement inscrire dans le débat public, au delà du simple registre artistique.
Entre culture et revendications institutionnelles
Profitant de la tribune offerte par l’événement, Benoît Kautai a tenu un discours ferme sur plusieurs dossiers structurants. Le premier concerne la gestion maritime. Alors que le Pays propose une zone de pêche réglementée limitée à 15 milles nautiques, le président de la CODIM a réclamé une extension à 30 milles pour la grande aire marine protégée Te Tai Nui A Hau, estimant la proposition actuelle insuffisante pour répondre aux attentes locales. Une demande formulée publiquement, appelant à davantage d’ambition politique.
Sur le terrain culturel, la démarche est tout aussi offensive. Forts de l’inscription UNESCO obtenue en 2024, les responsables marquisiens souhaitent accélérer la reconnaissance du Matatiki, art graphique traditionnel, en demandant que le dossier soit à nouveau priorisé auprès de l’UNESCO. Benoît Kautai a également annoncé une volonté de protection juridique de plusieurs termes culturels et toponymiques auprès de l’INPI, afin d’éviter leur récupération commerciale, une initiative qui pose la question de l’articulation entre valorisation culturelle et cadre juridique national.
Dans son allocution, le président de la CODIM a aussi salué la trajectoire de Hinaupoko Deveze, Miss France 2026, présentée comme l’illustration d’une jeunesse enracinée et capable de rayonner bien au delà de l’archipel.
Face à ces prises de position, le président de la Polynésie française a choisi un ton plus mesuré. Refusant d’entrer dans un débat institutionnel frontal, il a recentré son propos sur la transmission intergénérationnelle et la vitalité culturelle, insistant sur la continuité plutôt que sur la confrontation.
Cette ouverture du festival confirme que les Marquises entendent peser davantage dans les décisions qui les concernent. Reste que ces aspirations devront trouver leur place dans le cadre institutionnel existant, celui de la République et de ses équilibres, afin que la promotion légitime des cultures locales ne se transforme pas en source de tensions politiques durables.



