À Fort-de-France, la municipalité de Didier Laguerre a pris la décision symbolique de hisser le drapeau palestinien sur la façade de l’hôtel de ville, aux côtés des drapeaux français, européen et martiniquais. Ce geste, effectué le 22 septembre, intervient au lendemain de l’annonce d’Emmanuel Macron, depuis la tribune de l’ONU, officialisant la reconnaissance par la France de l’État de Palestine.
Le ministère de l’Intérieur avait pourtant demandé aux préfets de s’opposer à ce type d’initiatives, au nom du principe de neutralité des institutions et du risque de troubles à l’ordre public. Mais la mairie foyalaise a choisi de braver l’interdiction, saluée aussitôt par le collectif Martinique Palestine Solidarité, qui parle d’un acte « humanitaire plus que politique ».
L’initiative divise. Si certains édiles, comme au Gros-Morne ou au Diamant, s’en tiennent pour l’instant à la prudence, d’autres voient dans ce geste une résonance avec les débats locaux sur l’autonomie et l’identité. Le député indépendantiste Marcelin Nadeau a même appelé les autres maires martiniquais à suivre l’exemple de Fort-de-France, dénonçant la « barbarie » du gouvernement israélien.
En France hexagonale, près d’une centaine de municipalités ont également hissé le drapeau palestinien, souvent sous l’impulsion d’élus communistes ou de gauche radicale. Ces initiatives ont immédiatement suscité des tensions, certains rappelant que ce type de prises de position internationales ne relève pas des compétences municipales et risque d’importer dans les communes des conflits extérieurs à la République.
Cet épisode révèle à la fois la portée symbolique de la reconnaissance de la Palestine par la France et les fractures politiques qu’elle suscite jusque dans les Outre-mer. Mais il souligne surtout un point central : les mairies n’ont pas à se substituer à l’État dans la conduite de la politique étrangère, au risque d’affaiblir l’unité républicaine et de transformer les frontons municipaux en tribunes idéologiques.



