Géothermie : en Guadeloupe, la demande de permis d’Albioma fait bondir le CIPPA

Du 24 novembre au 24 décembre, les Guadeloupéens devront donner leur avis sur un permis exclusif de recherche géothermique demandé par Albioma pour une zone de 62 km2 entre Capesterre-Belle-Eau, Trois-Rivières, Vieux-Fort, Gourbeyre et Saint-Claude. Une consultation technique, prévue par la loi, qui inquiète déjà le CIPPA, persuadé que la Guadeloupe risque d’être dépossédée de sa propre ressource.

« Une ressource qui risque de nous échapper » alerte Alain Plaisir

Pour Alain Plaisir, président du CIPPA, ce permis de recherche ouvre presque mécaniquement la voie à un permis d’exploitation négocié « directement entre Paris et la multinationale ». Il redoute un scénario identique à celui d’Ormat, l’entreprise américaine qui gère la centrale géothermique de Bouillante, dont les retombées financières locales sont jugées « dérisoires » au regard des bénéfices générés.

Selon lui, les élus locaux sont totalement écartés du processus, alors que la géothermie constitue l’une des rares richesses naturelles stratégiques de l’archipel. Le CIPPA appelle à mettre en place un modèle public ou, au minimum, à imposer à Albioma une redevance significative au bénéfice de la Guadeloupe. Dans d’autres pays, les exploitants versent jusqu’à 15 % de leurs profits au territoire concerné, un principe que le mouvement souhaite voir appliqué.

« On vient prendre une ressource qui sort des entrailles de la Guadeloupe. Sans contrôle, ce sera du pillage » martèle Alain Plaisir, pourtant favorable au développement des énergies renouvelables à condition qu’elles profitent réellement à la population.

La géothermie reste pourtant un atout majeur pour l’archipel. Pionnière dans les Outre-mer, la centrale de Bouillante couvre déjà 7 % des besoins électriques et pourrait doubler sa production. Ressource propre, inépuisable et locale, elle pourrait devenir l’un des piliers de l’autonomie énergétique guadeloupéenne.

Reste à savoir si le futur permis « Sud-Soufrière », dont la décision finale reviendra au ministre chargé des mines, sera accordé tel quel, et surtout sous quelles conditions.