Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : la Guadeloupe perd peu à peu ses oiseaux tropicaux. Le cas le plus frappant est celui du pélican brun, autrefois emblématique du Gosier, où il nichait par centaines jusqu’en 2020. Aujourd’hui, il n’y subsiste plus aucune colonie. Seule une petite population s’est repliée vers les Saintes.
Ce déclin brutal n’est pas seulement lié au climat ou aux pesticides : il est aussi le fruit de comportements irresponsables. Les riverains, excédés par les oiseaux et leurs déjections, ont détruit leur habitat, allant jusqu’à couper les arbres de nidification et à chasser les pélicans à coups de pierres. Certains spécimens ont même été retrouvés pendus. Comme le rappelle l’Association pour la sauvegarde et la réhabilitation de la faune des Antilles, « l’oiseau est protégé, mais pas son habitat ».
Des espèces communes elles aussi menacées
Le problème ne se limite pas au pélican brun. Une étude de l’Agence guadeloupéenne de la biodiversité indique que 18 % des 295 espèces recensées sont menacées. Même les plus communes, comme le colibri sucrier à ventre jaune ou la paruline jaune, reculent fortement. Le changement des régimes de pluie, la raréfaction des insectes, la déforestation et la prédation par les chats aggravent la situation.
À cela s’ajoute la pression de la chasse. Les bécasseaux maubèches, oiseaux de rivage désormais protégés, ont vu leur population s’effondrer de 95 % en cinquante ans. Pourtant, malgré ces données alarmantes et les protestations des naturalistes, l’État a réautorisé en 2024 la chasse de certaines espèces, y compris classées vulnérables sur la liste rouge de l’UICN.
Un patrimoine naturel en péril
Le constat est clair : la Guadeloupe risque de perdre une part de son identité naturelle. Le pélican brun, autrefois symbole vivant du Gosier, n’est plus qu’un souvenir. Et si rien n’est fait, d’autres espèces suivront.
Les associations de protection de la faune appellent à une prise de conscience collective et à une action ferme de l’État. Il en va non seulement de la préservation du patrimoine écologique français, mais aussi du respect des générations futures qui ne doivent pas hériter d’îles appauvries de leur biodiversité. Protéger les oiseaux, c’est protéger la Guadeloupe.