À l’heure où les technologies numériques structurent l’économie mondiale, la Guadeloupe ne peut se permettre de laisser ses jeunes filles à l’écart d’un secteur aussi porteur. C’est tout le sens des Assises régionales pour la féminisation des métiers du numérique, organisées au lycée Coeffin par l’association Maryse Project. L’enjeu dépasse la simple représentativité : il s’agit de garantir au territoire les compétences dont il aura besoin demain, et d’éviter que des filières stratégiques ne se construisent sans la moitié de la population.
La présidente de Maryse Project, Sophie Lubin, le rappelle : les métiers de la tech manqueront de talents dans les prochaines années. Ne pas encourager davantage de jeunes filles à s’y orienter reviendrait à se priver volontairement de forces vives précieuses. Une charte d’engagement a donc été signée pour fédérer institutions, entreprises et enseignants autour d’une même ambition : lever les freins, casser les stéréotypes et rendre ces formations attractives pour toutes. Un travail collectif indispensable dans des filières où la diversité des profils améliore la créativité, l’efficacité et la qualité des solutions produites.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en Guadeloupe, seules 21,1 % des lycéennes de terminale choisissaient les sciences numériques en 2020, et à peine 11,2 % optaient pour l’industrie. Entre biais d’orientation, manque de modèles féminins et craintes liées au sexisme dans certains environnements professionnels, les obstacles restent nombreux. Les mêmes ressorts qui alimentent ce fameux « plafond de verre » observé partout en France, mais qui pèsent encore plus lourd dans un territoire insulaire où chaque compétence compte.
Pourtant, la féminisation de la tech n’est pas un simple réflexe militant : c’est un levier d’efficacité économique et un outil de souveraineté. Un secteur numérique fort, inclusif et durable est indispensable pour que la Guadeloupe reste compétitive et pleinement intégrée dans les dynamiques nationales. À l’heure où les Outre-mer cherchent à affirmer leur potentiel, cette mobilisation collective démontre une fois encore que l’avenir du territoire passe par l’ouverture, l’excellence et la confiance dans toutes ses forces vives sans exception.



