Depuis le 1er septembre, le professeur Laurent Larifla n’est plus à la tête du service cardiologie du CHU de la Guadeloupe. La nouvelle, tombée par une simple note interne, a provoqué un tollé au sein de l’établissement, où plus de cent soignants et personnels administratifs ont signé une pétition pour exiger son maintien. Ils louent ses qualités humaines et son management « hors pair », dénonçant une décision qui, selon eux, fragilise un service vital pour les patients guadeloupéens.
Cette éviction intervient après plusieurs prises de parole publiques du Pr Larifla, qui n’avait pas hésité à dénoncer les carences de l’hôpital et les lenteurs administratives. Pour ses soutiens, il paie aujourd’hui le prix de son franc-parler ; pour la direction, il s’agit simplement de divergences de fond sur la gouvernance et sur l’application du projet médical d’établissement. Une manière de dire qu’il ne s’agit pas d’un conflit personnel mais d’un désaccord structurel.
Au-delà de ce bras de fer, c’est une question centrale qui est posée : celle de la gouvernance des hôpitaux ultramarins. Les Guadeloupéens, comme tous les Français, doivent pouvoir bénéficier d’un service public de santé fiable et cohérent. Or, les querelles de couloir et les mises à l’écart autoritaires minent la confiance des soignants comme des patients.
À l’heure où l’Hexagone et les Outre-mer doivent plus que jamais marcher ensemble pour renforcer leur système de santé, la priorité ne devrait pas être aux règlements de compte mais à la consolidation de services hospitaliers déjà éprouvés. Le CHU de la Guadeloupe est un pilier pour toute l’île : il doit être géré avec transparence, autorité et sens de l’intérêt général, loin des logiques de coteries ou de petites manœuvres.