Le conseil syndical du Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe a validé à l’unanimité, mercredi 17 décembre, deux décisions structurantes pour l’avenir du service public de l’eau : la création d’une régie autonome et le lancement d’un plan d’action d’urgence face à l’état critique du réseau. Une étape majeure après des années de dysfonctionnements.
La séance, la dernière de l’année, était particulièrement attendue. Après avoir atteint difficilement le quorum requis, les élus ont concentré leurs échanges sur deux dossiers jugés décisifs pour sortir la Guadeloupe de la crise chronique de l’eau potable.
Le premier acte fort concerne la création d’une régie dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Cette nouvelle structure sera chargée de l’exploitation de l’eau potable, de l’assainissement des eaux usées et des eaux pluviales. Portée par le président du SMGEAG, Ferdy Louisy, cette réforme vise à rompre avec une gestion exclusivement politique pour confier le pilotage opérationnel à des professionnels qualifiés.
Malgré des interrogations exprimées sur le devenir des personnels et l’impact pour les usagers, les statuts de la régie ont été adoptés à l’unanimité. Une décision qualifiée d’historique par le président du syndicat, qui rappelle que cette évolution aurait dû être engagée dès la création du SMGEAG. La régie entrera en vigueur au 1er janvier 2026. Elle reposera sur un conseil d’administration associant élus, représentants de la société civile et organes de contrôle indépendants, avec une séparation claire entre stratégie politique et gestion technique.
Un plan d’urgence face à un réseau à bout de souffle
Le second point majeur concernait l’adoption d’un plan d’action d’urgence destiné à enrayer la dégradation accélérée du réseau d’eau potable. En 2025, près de 2 500 fuites ont été recensées, un chiffre plus que doublé en un an, illustrant l’ampleur du naufrage hérité de décennies de sous-investissement.
Le plan adopté prévoit un effort massif concentré dans un premier temps sur Capesterre Belle Eau et Trois Rivières, désignées comme communes pilotes. L’objectif est d’y mener des travaux intensifs pour sécuriser l’alimentation, réduire les pertes et créer un modèle reproductible à l’échelle de l’archipel, avec en ligne de mire la fin des tours d’eau.
L’investissement annoncé dépasse 20 millions d’euros. Le président du SMGEAG a tenu à rassurer les élus des autres communes, affirmant qu’aucun territoire ne serait laissé de côté et que cette stratégie vise au contraire à structurer durablement l’action publique, en mobilisant les entreprises locales et les agents du service.
Ces décisions marquent un tournant attendu par la population guadeloupéenne, excédée par des années de pénuries et d’improvisation. Elles traduisent une volonté assumée de rétablir l’autorité de la puissance publique sur un service essentiel, dans une logique de responsabilité, de professionnalisation et d’efficacité. Reste désormais à transformer ces votes unanimes en résultats concrets, visibles et durables sur le terrain.



