Le Tribunal administratif de Basse-Terre a suspendu pour la troisième année consécutive l’arrêté préfectoral autorisant la chasse aux oiseaux migrateurs et gibiers d’eau en Guadeloupe. Saisi par plusieurs associations de protection de la nature, le juge des référés a ordonné, le 26 septembre, l’interdiction immédiate de la chasse de 20 espèces, dont 14 limicoles, ainsi que du pigeon à cou rouge et de la colombe à croissants.
Le préfet jugé incompétent à fixer les dates de chasse
Au cœur de la décision, le rappel d’une règle claire : seul le ministre chargé de la chasse peut fixer les périodes d’ouverture pour les oiseaux migrateurs et le gibier d’eau. En agissant par arrêté local, le préfet a outrepassé ses compétences, ce qui fragilise juridiquement toute tentative de réglementation au niveau départemental. L’ordonnance invoque également le principe de précaution, considérant que ces espèces vulnérables risquent de subir des « dégâts potentiellement importants » si la chasse se poursuivait.
Une nouvelle victoire pour les associations, un revers pour les chasseurs
Pour la Ligue pour la protection des oiseaux et les associations partenaires, cette décision est une victoire éclatante, confirmant que le droit et la conservation de la biodiversité priment. À l’inverse, les chasseurs dénoncent un « coup porté à la tradition » et regrettent que la Guadeloupe soit encore privée d’une saison cynégétique encadrée. Un projet de décret interministériel, envisagé en 2024 pour confier davantage de compétences aux préfets, reste en suspens. En attendant, la chasse aux oiseaux migrateurs demeure interdite, renforçant la frustration d’un monde rural qui voit ses usages restreints par la justice au profit des associations écologistes.



