C’est une alerte que le monde associatif guadeloupéen lance à la puissance publique. Les baisses de subventions et les retards de versements plongent de nombreuses structures dans une situation critique, au moment même où elles jouent un rôle essentiel de cohésion sociale et de solidarité locale.
Réunies à Pointe-à-Pitre sous l’égide du Comité régional des associations jeunesse et d’éducation populaire (CRAJEP), plusieurs organisations ont exprimé leur exaspération face à un système administratif devenu, selon elles, incompréhensible et étouffant. À la précarité financière s’ajoute la complexité des démarches : « on passe plus de temps à remplir des dossiers qu’à aider les gens », résume une responsable associative.
Certaines structures, comme l’association Fromager aux Abymes, déjà confrontées à la chute du taux de prise en charge des contrats aidés (passé de 70 % à 35 %), ont dû réduire leurs effectifs et revoir à la baisse leurs actions sociales. D’autres, faute de visibilité, craignent une fermeture pure et simple d’ici la fin de l’année.
Les représentants du CRAJEP plaident pour une réforme structurelle : mise en place de conventions pluriannuelles d’objectifs, simplification des financements et sécurisation des emplois associatifs. Car ces organisations, souvent relayées par des bénévoles, assurent au quotidien des missions que l’État et les collectivités ne peuvent pas toujours remplir : aide à la personne, éducation, sport, lien social.
Derrière cette crise silencieuse se joue un enjeu républicain majeur : celui de la solidarité concrète sur le terrain. Si l’État doit rationaliser ses dépenses, il lui revient aussi de préserver les acteurs de terrain qui incarnent, souvent seuls, la continuité du service public dans les territoires ultramarins.



